Chambre – Blog de Papa Lion

Le bordel dans leur chambre – si un chat est un chat alors un bordel dans leur chambre est un bordel dans leur chambre – est une trace qu’il est pénible d’effacer, pénible parce qu’il faut ranger à leur place, et que leur place n’est pas toujours ici, pénible parce que ranger c’est déranger et que je n’aime pas beaucoup les déranger quand ils ne sont pas là alors je fais traîner et quand je vais pisser la plante des pieds pique un peu sur les petites pièces mal assemblées. J’ai fait le ménage de printemps hier vu que c’est déjà l’été mais je ne suis pas allé jusqu’à ranger leur chambre. Quand c’est le bordel dans leur chambre je les entends jouer, l’autre jour je réparais le vélo de mon fils dans la cour et par la fenêtre je l’entendais jouer, au pompier, au vétérinaire, au spectacle de Livi Star, c’est leur microcosme et mon macroplaisir, s’il y a bien un truc que je ne leur aurais pas inculqué c’est le rangement, un vrai bordel. Mon fils a été chouette : avant de partir pour ne revenir que dans une semaine, il a bien voulu ranger les Kapla, la mort dans l’âme parce que les Kapla c’est surtout les tribunes pour le spectacle de Livi, du coup y’a un peu relâche pendant une semaine. C’est l’absence et ranger en leur absence c’est une double peine mais il faut bien marcher jusqu’aux chiottes alors je balaie un peu du pied, je maugrée mal gré et plutôt bon gré parce qu’ils sont un peu là quand même au milieu de ce bazar foutraque et comme ils me manquent, je rechigne à ranger. Sanctuaire. Je range finalement le jeudi en général, c’est logique, pour que le vendredi en maréchal du logis je les mette en garde, sans vraiment y croire, que cette semaine ben ils auront intérêt à ranger.

 

Je crois que j’ai du plaisir à mettre les Légo dans les casiers à Légo et les Playmobil dans les casiers à Playmobil et les innombrables jeux indéfinissables dans les casiers indéfinis.

 

Nous déménagerons à la fin de l’été dans une grande maison qui est vérité plutôt petite mais ils auront chacun leur chambre et une nouvelle page sera tournée, celle de la chambre partagée, de leur petit monde à l’apparence apocalyptique où pourtant, dans la tête de mon fils, chaque figurine à sa place. Ce sera le bordel dans leurs chambres après le bordel dans leur chambre, j’aurai deux fois plus à ranger. J’ai posé mon préavis, contracté un prêt à vie, ils continueront de grandir chacun de leur côté, revendication de l’aîné, résignation de la cadette. Il y en aura de partout fois deux. Les toilettes ne seront plus au fond de leur chambre. Au fond de leur chambre, il y aura des rangements.

 

Une fête arrosée, du rosé, une copine qui me dit que ça doit être sympa de ne pas avoir ses enfants à surveiller, le temps d’une fête. Ce serait l’apanage de la garde alternée. Je dis oui je pense non, ils me manquent et ce n’est que samedi. J’aime bien les avoir sous le coude quitte à les avoir sur le dos. Je me réjouis très rarement de ne pas les avoir. C’est égoïste et préoccupant.

 

Dans cette maison il y aura un figuier et un chat. Le figuier donnera de temps en temps. Le chat se barrera. Et les enfants seront parfois là.

 

Il y a un petit Playmobil fermier qui pourrait me ressembler, c’est en tout cas ce que me dit ma fille : il me ressemble. Bon. Il est un peu barbu, short bleu maillot rayé, pas forcément toujours à sa ferme, je l’ai vu l’autre jour donner le coup de main sur le plateau de Livi Star, il est ingé son quand ça arrange les enfants, on ne sait pas bien qui veille au grain dans ces cas-là. Un jour il a même pris sa douche avec ma fille. En tout cas c’est le moi de substitution, le type qui fait plein de trucs, c’est flatteur et plutôt inattendu, en tout cas depuis qu’ils sont partis il est sur le toit de la caserne. Je me demande vraiment ce qu’il fout sur le toit de cette caserne. En plus c’est une caserne Légo. Le type irresponsable et pas à sa place.

 

Depuis qu’ils sont partis il est là. Il y restera jusqu’à ce qu’ils reviennent.