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Le plus grand des petits – Blog de Papa Lion

Ca y est il nous la fait sa poussée de croissance. Il s’est resservi de pâtes l’autre jour, il ne s’était jamais resservi, sauf au goûter mais ça ne compte pas. Dix ans de bolognaise et enfin ça paie. Du coup je l’ai vu grandir d’un coup là, pschiit, oh le grand garçon. Plus tard, alangui allongé à croquer au niveau de ses Lego, toujours petit comme un Lego mais il m’avait l’air d’être une grande saucisse pré-adolescente, et vroum et vroum le policier Lego qui arrête les voleurs, comme quand il avait six ans sauf que les voleurs sont plus récalcitrants, dans son caleçon six ans, son pull huit ans, ses chaussettes Cars et son moi intérieur à lui qui, vu de l’extérieur, pousse bien un peu quand même. Faut pas pousser, faut qu’il pousse un peu !

 

Il est bien dans son format petit garçon, le plus petit de la classe mais la grande classe. Il se fait respecter parce qu’il a de bonnes notes, même si mon baby est nul au baby et qu’on ne lui fait pas trop la passe au hand. On le met dans les cages. Comme un animal sauvage mec ! Il a bien aimé cette blague. J’ai aimé qu’il l’aime.

 

Je l’ai toujours rassuré à propos de sa taille. Je lui ai dit que moi aussi j’étais petit quand j’étais petit. Ca l’a fait rire. Je lui ai dit que les petits, c’est les derniers qui sont mouillés quand il pleut. Ca l’a fait rire. Je lui ai dit que Lionel Messi aussi, il est tout petit. Il m’a demandé qui c’était. Il m’a demandé si Jules Verne aussi, il était petit. J’en sais rien moi. Même sur Wikipedia ils n’en savent rien.

 

Moi je suis grand. On est grand dans la famille. Je voulais le rassurer mais ça lui a mis la pression. Ca me fait penser depuis dix ans que je ne l’ai plus réécoutée à cette chanson d’un petit groupe français qu’on aimait bien : « ils m’font marrer bébé à dire que t’as grandi et qu’est-ce que t’as changé alors que t’es toujours tout petit ». Dans la cour, les copines de sa sœur aiment jouer avec lui. Elles jouent avec un grand, et en plus il est petit. L’aubaine. Il pourrait les envoyer bouler, mais il aime bien jouer avec elles aussi. Il aime bien être petit.

 

N’empêche, il s’est resservi de bolognaise. Faut dire que c’est bon la sauce bolognaise. Et puis ça fait manger des légumes. Un peu. Il mange aussi des poireaux, de la courge, des carottes, des courgettes pas de saison et des haricots toute saison. Merde, il fait tout ce qu’il faut, alors ça va venir, il va pousser, là, d’un coup.

 

J’aime bien les petits, ceux de ma classe je les protège, ceux qui sont tout minus, pas les bébés hein, les juste petits, je fais en sorte qu’il ne leur arrive rien. Ils me le rappellent. L’autre jour, on les a pris pour des jumeaux. Ils ont trois ans et demi d’écart. Faut dire qu’elle est grande, pour ne rien arranger, sa petite sœur. C’est mal fichu la vie. Faudrait pas qu’elle le dépasse, enfin on verra.

 

Il est tanqué en plus ! Mais petit. J’étais maigre et grand. Les chiens font des chats. Mon chat est espiègle et câlin, les chats sont des chats. C’est un chaton.

 

Je ne vais pas tirer dessus pour l’allonger, c’est comme ça. Je n’aurais pas aimé avoir une tige, ça fait con sur les photos de classe. Et puis je l’explose quand on fait la bagarre mais c’est pas souvent parce qu’il déteste les bagarres. Ca ne dure jamais longtemps et après il faut gérer sa sœur et là je n’ai pas toujours le dessus. « C’est nous qui font ce qu’on nous veut » jure-t-elle en l’air et en lançant l’assaut, genoux par devant, ma tête par dessous. Je la soupçonne de le défendre dans le cour. Au collège ça va donner. Il faudra briller aussi par les épaules mon gars. Le petit pianiste parmi les Soprano. T’as beaucoup lu mais t’as pas beaucoup poussé. Il va falloir te resservir un peu, l’été prochain. On s’apprête à manger pas mal de bolognaise.

Septembre, Maurice Carême et tableaux de conversion – Blog de Papa Lion

Bébé Lionceau porte des chaussettes à motifs et des crocs et je me fous un peu d’elle mais elle est habillée à l’italienne alors finalement je dis oui (j’aime bien l’Italie, tout le monde aime bien l’Italie) puis elle me demande ce que ça veut dire à l’italienne. Je lui recommande la lecture du penseur Barzotti. Je l’aime à n’importe quel pays et change d’idée sur les italiennes. Elles ne sont pas plus belles que les autres : elles portent en toute simplicité des crocs et des chaussettes. C’est tout. Nous apprenons la poésie de l’automne en zozotant que les feuilles rousses font un tapis d’or et vice-versa. C’est le cours préparatoire. On se prépare à apprendre des poésies à la con. Je la prie d’enlever ses chaussettes. Le CP c’est le début de toutes les emmerdes et Grand Frère Lion qui court moyennement deuxième année s’embourbe dans son tableau de mesures. Quand je pense que je fais ce métier, moi aussi. Il faudrait supprimer les devoirs, ça sert à pourrir les jolis week-ends, il faudrait avoir l’audace d’écrire pour les devoirs de profiter du week-end et de jouer à courir après son père mais il faut faire des tableaux de conversion et apprendre des poèmes de Maurice Poème. Y’a pas plus cons que les instites. Je me demande quelle tronche il pouvait avoir, Maurice Carême, bon allez je cherche et je trouve ça :

J’évite de montrer ça à Bébé Lionceau. Elle pourrait croire que c’est Picasso. On prépare l’apéro et puis pschitt, pas d’apéro, les enfants s’en vont et je m’enquille le sauciflard à moi tout seul. J’entretiens des relations privilégiées avec la CAF, Free, La Poste, EDF pour le gaz, GDF pour l’électricité, le courtier, l’ancienne propriétaire, l’autre ancienne propriétaire, la banque populaire et je me demande bien pourquoi. On a écrit une chanson avec les élèves, hier. C’est ou ce sera la chanson du vendredi. Vendredi on envoie danser les tubes de colle, un truc dans ce goût. Un tube décolle. On s’amuse bien.

Je voudrais juste apprendre à mes élèves à lire et à écrire des chansons mais faut que je les évalue parce que c’est le début d’année de fin de septembre. Je ne sais pas du tout pourquoi il faut faire ça.

On a déménagé, c’est chouette, le voisin ronchonne et le chat ronronne. On est dans les arbres, une cabane. C’est clafi de bonnes ondes et de moustiques. Je mets les fringues trop petites de ma fille de côté, pour ma nièce. Je mets les fringues toujours à sa taille de mon fils, pour l’hiver. C’est toujours un bel enfant en six ans. Il tire dessus ou c’est que les fringues grandissent avec lui. Il a repris le tennis, un copain qui n’en est pas vraiment un s’est foutu de lui. J’ai dit à mon fils de lui casser les dents, il n’en fera rien. La mère du copain m’a entrepris : il faudrait que je lui parle, à son fils, parce qu’elle ne s’en sort pas. Casser les pieds, casser les dents, elle me cassait tout.

La maman de Grand Frère Lion a insisté pour le tennis, elle avait raison. Qu’il s’y ferait des copains. C’est pas encore un échec mais ce n’est pas tout à fait un succès. Je me suis fait une copine : la mère du trublion casse-couilles. Elle ne me lâche plus. Elle échangerait bien son fils contre le nôtre. On entend des trucs, des fois. Ce matin j’ai entendu un papa dire à son fils qu’il fallait qu’il avance, sinon il allait le frapper. Ca m’a ébranlé. C’était un de mes élèves. J’espère qu’il m’apportera une feuille morte ou une bogue lundi matin. Pas un marron.

J’ai le moral au top avec mes enfants, et puis aussi avec mes élèves. Ils vont tous bien en classe, je crois. On se poile et on bosse et puis c’est des fois le bazar, je gueule et ça va. Je n’ai aucune envie des les évaluer nationalement. L’inspectrice m’a demandé d’aller chercher les évaluations à la circon, j’ai dit non. Elle me les a déposées, y’en a 22, j’ai 25 élèves. Je ne cherche plus à comprendre. J’ai très envie de les siphonner, les évaluations nationales de début d’année de la fin de septembre.

On a un beau jardin à présent. Grand Frère Lion fait de la pétanque et s’énerve. Bébé Lionceau court après le chat. Ils me courent après, quand on en a fini avec Maurice Carême et les tableaux de conversion.