J-2 Blog de Papa Lion

J-2 avant ça et si Jil is Lucky ben il a bien de la chance et j’en ai un peu parce que j’ai les graines du fruit bien mort et ça va semer, oh punaise c’est spirituel ce soir au 63 rue J-2 avant les je te donne la langue au chat et les pisrographes et aussi les je vais te manquer ben attends un peu avant que tu me je te manque(s), t’es pas encore arrivée. A la banque t’étais belle et le banquier très moche et tu faisais des yeux en coin et moi ça m’a fait rire alors y’a pas que Jil qui est lucky, on va chatouiller le chevalier rouge et on ira voir les loups de Gévaudan et on n’aura pas peur. Les grands c’est pour les grands, les petits c’est pour que les grands redeviennent un peu petits, même avec les très très très grands puisque y’aura mes grands à moi et on ira à Collias t’aimeras pas forcément mais on jettera des cailloux pour compter les ricochets tu vas voir j’en ferai au moins un. On sera les pyjamasques dans ma voiture de pyjamasques et dans mon canapé de pyjamasques on aura des super pouvoirs. On va se poiler. On va manger de la soupe enfin je vais manger de la soupe et tu mangeras des pâtes pour que je te gronde « ouaaah faut manger de la soupe pour grandir » : tu t’en fouteras puisque tu grandis même sans soupe, la preuve c’est bientôt ton anniv de 5 ans et oui, oui, tu l’auras, ton déguisement, mais pourquoi tu veux te déguiser en princesse ? T’es déjà une princesse ma petite gardoise magique, des diadèmes en cartons y’a qu’à en découper j’ai des supers ciseaux et ça je te le dis pas mais je t’aime même si tu bouffes pas ma soupe. Enfin des pois chiche quand même c’est super bon, merde ! Je t’ai pris des musiques qui endorment et des livres qui éveillent, j’ai un amour monoparental qui déborde et dans mon cœur y’a plus que toi et lui et on va couper en deux, trancher doux le cœur à Papa, faudra aller à l’école quand même mais tu sais on est dans la même galère (j’aime autant que tu sois dans la tienne et pas dans la mienne, un jour je te raconterai comme ils sont cons). J-2 ! L’attente fait vivre quand on n’attend plus grand chose ! C’est le creux de l’hiver mon tout petit immense amour et dans le creux ça tombe plutôt pas mal, y’a juste la place pour toi.

Vendredi – Blog de Papa Lion

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Y’a des jours dont on a manqué la nuit d’avant il semble alors que les élèves parlent très fort sous le préau, on a froid, on cherche le radiateur et ses mots et quand c’est à leur tour ils racontent des trucs qui n’ont rien à voir. On pense alors à partir et qu’il faudrait gagner au loto, au moins le droit de rejouer, et c’est à la récréation que ça fait le plus mal à la tête, une histoire de ballon quillé qu’il s’agirait de déquiller et faudrait bien arrêter d’inventer les mots. On rentre dormir chez soi et on oublie de manger, du coup on a faim et on boit un thé, on se souvient qu’on disait « sans rapport fils unique » sans se souvenir d’où ça venait ; comme quoi… On file l’après-midi, un long fil tout noueux qui fait la blague et ça tombe bien car on n’en fait pas beaucoup, on colmate les brèches tandis que les brêles comatent. On trouve à certains moments que les murs tapent quand même un peu fort sur la tête et ça soulage de ricaner en pensant au cholestérol que les charognards à marcel promènent sur les parois de ma vie. L’effet mère des sentiments fait penser qu’on dit et qu’on entend un peu n’importe quoi et que ça peut durer des années. Le ciel est bleu, les idées noires, l’atmosphère glaciale. On se convainc que les jours rallongent puisque Collado l’a dit, ah non il est parti à la retraite et même ça c’est triste, pourtant on devrait s’en foutre de Collado, ben on trouve ça quand même triste. Ils écrivent les devoirs. Aucun d’eux n’a inventé le soleil mais on les aime bien, à peu près tous, même les très crétins. Ils nous apaisent même, parfois.

 

On décolle d’école en école et la journée commence enfin.

 

Parce qu’à 16:30 y’a ma fille qui est assise toujours à la même place et qui fait toujours la même tête en attendant de me voir et jamais la même tête quand elle me voit, aujourd’hui elle sourit bon elle sourit à chaque fois quand elle me voit mais là elle fait un sourire qui veut dire un truc du style c’est la remplaçante elle est sévère je ne peux pas me lever mais attends, Papa, attends, alors j’attends mon tour, c’est vrai que la remplaçante a l’air strict mais enfin c’est pas facile comme métier, surtout à 16 :30 le vendredi et surtout avec des pères qui disent à peine bonjour tellement ils sont contents de revoir leur fille, alors je la regarde fixement jusqu’à ce que ce soit son tour, enfin le mien enfin le nôtre, on s’entreregarde avant de se rentrer et de se garder et la maîtresse me demande enfin qui je viens chercher, ben ma fille, enfin, Bébé Lionceau, elle me dit qu’elle travaille bien mais qu’elle n’a pas beaucoup d’amis, on voit qu’elle est remplaçante elle, bien sûr qu’elle travaille bien, bien sûr qu’elle n’a pas beaucoup d’amis mais elle prend son petit sac Barbapapa et son sac de chez Maman à chez Papa et elle se paie mon cou et comme j’ai encore un peu de dignité j’arrête là.

Les moustiques – Blog de Papa Lion

Moustique hors saison

Les rougeurs m’ont mis la puce à l’oreille : ma puce à l’oreille pleine de moustiques. Elle a des moustiques partout et j’en conclurais bien qu’il n’y a plus de saison mais je suis las d’enfoncer les portes ouvertes alors je ferme les fenêtres, c’est moins violent, et j’écrase violemment. Les moustiques. Mais ça dérange et ça démange des anges ces foutus moustiques de début d’hiver qui a l’air fin d’été, ce temps. J’ai l’air fin, détestant les crèmes, moi qui n’aime pas passer la pommade aux pharmaciens et qui n’en ai donc pas à passer à ma fille. Elle veut de la crème, je n’en ai ni en tube ni en glaise, rien que des huiles essentielles et le grand frère se bouche déjà le nez. Bon, j’y vais de mon tea-tree for two, tea-tree for you, my love, je m’applique, enfin je la lui applique. Elle aurait aimé que le bouton disparaisse fissa, Papa, alors le fils à papa rit : c’est pas la potion magique d’Obélix !

Un massage gommant à ma sage gamine et j’essuie mes mains puis ses larmes tsunami. Le moustique s’est noyé dans la tempête. Dans ce cas-là le câlin fait la blague, peut-être pas aussi drôle que celle du frangin mais sous les franges y’a un sourire, et sous le bouton épavé la plage. J’embrasse et d’un pas mûr me redirige vers le salon, satisfait que le tea-tree ait eu son petit effet sur ma petite fée.

L’accalmie est brève, il y a un autre moustique sur le bout du nez. Elle me réclame à présent de l’arbre à thé apaisant. Sur le nez ? Non ! J’apaise le pour et le contre, et j’explique qu’on huile essentiellement le corps, mais pas le visage. Nez en moins l’enfant accepte de me laisser aller. Ma grande spécialité.

Je pourrais penser à demain ou à hier mais on me réclame encore. Mon petit chat a un grain. Je suis indispensable. Un indice pensable me met sur la voie du moustique et la voix de ma fille résonne dans l’appartement, dans l’immeuble, le quartier. Je rapplique, je ré-applique, je console. En fait non, j’hurle « quoi encore ? ».

Alors bon, encore un tigre sur mon petit lion ? Non, cette fois il y a une munuscule mouche dans la chambre. Et Bébé Lionceau en a marre de se faire manger. Jamais las mais toujours là, je m’en ressers une munuscule louche.