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Vacances à Albi – Blog de Papa Lion

On n’a pas hyper marché car il ne fait pas beau. C’est notre alibi. Nous sommes au supermarché d’Albi, dans le rayon dont on veut connaître tout un rayon, celui de la culture. Quoique tout soit question de nuance quand on est à la fois chez Michel et chez Edouard. J’arrête mon char : y’a pas mal de Girac (c’est un nom du coin) et très peu des autres. Mais nous cherchons plutôt de la lecture. Au coin des bibliothèques multicolores, les stéréotypes ont la vie dure : l’émotion est toujours aussi bonbon, l’aventure plutôt mentholée. Quant à l’étalon, il est forcément noir. Le veinard. Bébé Lionceau se demande bien quoi se fader, du rose ou du vert. Je pense très fort mon frère ! Je suggère à mon grand bébé de l’aventure pleine d’émotion, ou bien de l’action plein d’humour. Elle choisit finalement un documentaire.

Emprunté au blog « Fille d’album »

 

 

 

 

 

 

 

Et mon grand, mon petit, mon fils prodige, prodigue, spirituel et biologique: toujours à parcourir les rangées avec son doigt ; lu, pas lu, pas voulu, lu, pas lu, pas voulu. Le retour des troisièmes vacances du petit Nicolas volume 4 ? T’es gentil mais j’entre en sixième. Harry Potter ? T’es gentil mais ça fait peur. (L’essentiel étant que je sois gentil.) Je le sens perdu entre Renart et les calamars géants (sa sœur salive discrètement à l’idée qu’ils puissent être à la romaine). Il nage entre deux zoos et repart avec un bon. Un très bon, un voyage au centre de la Terre, pourvu qu’il forme la jeunesse. Quant à moi à qui il reste tant à lire, je change de rayon et même de braquet pour me planter devant les coffrets Girac . C’est un best-of ou l’intégrale ? Ca me paraît en tout cas surdimensionné. Je vais me dire qu’il a une bonne tête de con, ce Girac, quand mon bébé rien qu’à moi le reconnaît. « C’est Kendji ! » Oui ben quel tête de con. Je lui bouge les épaules au bel espagnol. Derrière, il y a un coffret de Claude François. Je le bouscule, il ne se réveille pas, comme d’habitude. Encore derrière, c’est Bénabar. Y’a des journées comme ça. Le « best of ». Vivement le best-off.  Pas trop envie d’entendre rimer pizza avec chipolata, je le cache derrière Girac. Je prends un Gainsbourg et un Brassens. J’aime bien les petits nouveaux.

Nous marchons quand même dans Albi. Visitons la cathédrale. Plantons devant le Jugement Dernier. Devant les sept péchés capitaux, audioguide à la main, main à l’oreille, je sens que Grand Frère Lion réfléchit. La gloutonnerie, c’est pas bien. Sa sœur appuie sur Pause, enfin sur Play, c’est le même bouton, ça la fait marrer de pouvoir téléphoner dans l’église. Elle me demande ce que c’est, la luxure. Je cherche le contrôle parental sur l’appareil.

Au Musée Toulouse-Lautrec, les enfants me mettent à l’affiche : ils sont hilares. Il n’y a pourtant rien de drôle bordel !

Nous rentrons au camping car il se fait Tarn. Dans la voiture, ma fille commence et termine son documentaire. Faudra y retourner. Mon fils choisit le CD de Gainsbourg, qui va et qui vient entre des reins et qui manifestement s’y sent bien. Il me demande pour chaque chanson ce qu’elle signifie, exactement. (Je regrette un quart de seconde l’immédiateté de Bénabar). Nous roulons, le ciel est lourd, la route est très belle.

Et puis Bébé Lionceau demande à son frère : « elle y est sur le CD Quand la musique est bonne ? », ; je me marre tant que j’en loupe l’entrée du camping.

C’est facile finalement de faire du pédalo sur la vague en rêvant.

Le Labo – Blog de Papa Lion

J’explique à mesure que nous approchons qu’un atelier d’artiste, c’est simple, c’est un atelier avec au moins un artiste. Au premier abord les enfants cherchent un lien avec la nuée de petits cœurs fluorescents virevoltant comme des insectes hyperactifs sur les murs du proche voisinage et tout cela précède notre entrée ; il y a la musique dans la rue, aussi. Ma fille est fan du beat actif. Mon fils est fin dubitatif. Elle a déjà franchi la porte de l’établissement, il hésite. Il se lance : il est venu voir Ivan.

Y’a des coeurs des papillons

C’est coloré, c’est pâte à mâcher mais violent, menthe poivrée, du street and strip art. Bruyant et bouillant. C’est brillant.

La lumière noire, déjà. Rien que ça. La lumière noire…C’est bien Ivan. Occis mais pas mort.

C’est comme si les enfants étaient attendus, des sodas sont tendus, mon fils se détend. Ivan entreprend la visite du Labo. Je baisse le volume pour qu’ils aient d’une chance d’entendre. J’espère qu’ils y comprendront quelque chose, qu’ils m’expliquent, parce que je ne suis pas sûr d’avoir tout bien compris. Les enfants font le tour plusieurs fois, y’a des Vénus velues et nues venues d’un peu partout. Celle de Milo l’était bien. Celles d’Ivan ont leurs deux bras, elles. Et qu’est-ce qu’il fait de tout ça ? demande mon fils. Ben. Ivan. Les enfants reconnaissent notre tableau, enfin celui d’Ivan, enfin non d’ailleurs c’est le mien à présent. Il est reproduit, ça me gêne mais quand y’a de la gêne y’a pas de plexi. Alors pas de gêne ici. Nous en cherchons un autre et je les charge de choisir.

Mes enfants poids plume étudient les nains en plomb. C’est ce soir plein de personnes de petite taille, le Labo. Ivan met mon fils à l’aise et aux platines. Ma fille s’empare d’un feutre luminescent et se tatoue LOVE sur l’avant-bras. Ca flashe et ça promet. Son sourire est extatique. Elle se met à danser, sa tête tourne pas mal, bienvenue au Labo, là où tu prends des couleurs surtout la nuit. J’ai Labo-nnement. Les discussions s’enflamment, l’atelier d’artiste entre en mode nuit.

Le Labo demande de l’énergie or les enfants faiblissent : nous saluons les copains, les inconnus, les nains, Barbie, Snoopy, le Christ, Bart Simpson et toute la faune. Mes enfants viennent de vivre une drôle d’expérience. Je les avais pourtant prévenus : il s’agit bel et bien d’un Laboratoire.

 

Le plus grand des petits – Blog de Papa Lion

Ca y est il nous la fait sa poussée de croissance. Il s’est resservi de pâtes l’autre jour, il ne s’était jamais resservi, sauf au goûter mais ça ne compte pas. Dix ans de bolognaise et enfin ça paie. Du coup je l’ai vu grandir d’un coup là, pschiit, oh le grand garçon. Plus tard, alangui allongé à croquer au niveau de ses Lego, toujours petit comme un Lego mais il m’avait l’air d’être une grande saucisse pré-adolescente, et vroum et vroum le policier Lego qui arrête les voleurs, comme quand il avait six ans sauf que les voleurs sont plus récalcitrants, dans son caleçon six ans, son pull huit ans, ses chaussettes Cars et son moi intérieur à lui qui, vu de l’extérieur, pousse bien un peu quand même. Faut pas pousser, faut qu’il pousse un peu !

 

Il est bien dans son format petit garçon, le plus petit de la classe mais la grande classe. Il se fait respecter parce qu’il a de bonnes notes, même si mon baby est nul au baby et qu’on ne lui fait pas trop la passe au hand. On le met dans les cages. Comme un animal sauvage mec ! Il a bien aimé cette blague. J’ai aimé qu’il l’aime.

 

Je l’ai toujours rassuré à propos de sa taille. Je lui ai dit que moi aussi j’étais petit quand j’étais petit. Ca l’a fait rire. Je lui ai dit que les petits, c’est les derniers qui sont mouillés quand il pleut. Ca l’a fait rire. Je lui ai dit que Lionel Messi aussi, il est tout petit. Il m’a demandé qui c’était. Il m’a demandé si Jules Verne aussi, il était petit. J’en sais rien moi. Même sur Wikipedia ils n’en savent rien.

 

Moi je suis grand. On est grand dans la famille. Je voulais le rassurer mais ça lui a mis la pression. Ca me fait penser depuis dix ans que je ne l’ai plus réécoutée à cette chanson d’un petit groupe français qu’on aimait bien : « ils m’font marrer bébé à dire que t’as grandi et qu’est-ce que t’as changé alors que t’es toujours tout petit ». Dans la cour, les copines de sa sœur aiment jouer avec lui. Elles jouent avec un grand, et en plus il est petit. L’aubaine. Il pourrait les envoyer bouler, mais il aime bien jouer avec elles aussi. Il aime bien être petit.

 

N’empêche, il s’est resservi de bolognaise. Faut dire que c’est bon la sauce bolognaise. Et puis ça fait manger des légumes. Un peu. Il mange aussi des poireaux, de la courge, des carottes, des courgettes pas de saison et des haricots toute saison. Merde, il fait tout ce qu’il faut, alors ça va venir, il va pousser, là, d’un coup.

 

J’aime bien les petits, ceux de ma classe je les protège, ceux qui sont tout minus, pas les bébés hein, les juste petits, je fais en sorte qu’il ne leur arrive rien. Ils me le rappellent. L’autre jour, on les a pris pour des jumeaux. Ils ont trois ans et demi d’écart. Faut dire qu’elle est grande, pour ne rien arranger, sa petite sœur. C’est mal fichu la vie. Faudrait pas qu’elle le dépasse, enfin on verra.

 

Il est tanqué en plus ! Mais petit. J’étais maigre et grand. Les chiens font des chats. Mon chat est espiègle et câlin, les chats sont des chats. C’est un chaton.

 

Je ne vais pas tirer dessus pour l’allonger, c’est comme ça. Je n’aurais pas aimé avoir une tige, ça fait con sur les photos de classe. Et puis je l’explose quand on fait la bagarre mais c’est pas souvent parce qu’il déteste les bagarres. Ca ne dure jamais longtemps et après il faut gérer sa sœur et là je n’ai pas toujours le dessus. « C’est nous qui font ce qu’on nous veut » jure-t-elle en l’air et en lançant l’assaut, genoux par devant, ma tête par dessous. Je la soupçonne de le défendre dans le cour. Au collège ça va donner. Il faudra briller aussi par les épaules mon gars. Le petit pianiste parmi les Soprano. T’as beaucoup lu mais t’as pas beaucoup poussé. Il va falloir te resservir un peu, l’été prochain. On s’apprête à manger pas mal de bolognaise.

Endémique – Blog de Papa Lion

J’aime davantage encore l’intimité de l’habitacle depuis que Grand Frère Lion s’assoit à la place du fort. Ca peste à l’arrière : on ne parle pas assez fort, on fait des blagues sans elle et s’il faut on fait des blagues sur elle. On réplique en parlant très fort pour la dame âgée à l’arrière qui rigole en général ou se met parfois à pleurer. Elle a hâte d’avoir dix ans pour se radiner à l’avant elle aussi. Elle se radinera et on sardinera, dans 3 ans, à l’avant.

Dans le Paradis Blanc qui n’a pas de lien de parenté avec Michel Berger, je bave devant les nems mais je prends des pizzas. Ils vendent du vin maintenant. Du vin picard et surgelé. Le monde déconne. J’achète pour trente balles de pizzas et on repart avec les macarons cadeaux.

Au retour, ça bouchonne pas mal avenue Jean Jaurès. On parle bien fort parce que j’aime pas quand elle pleure dans les embouteillages : les gens me regardent méchamment. Grand Frère Lion me demande quel est l’animal qui tue le plus de personnes en France, chaque année. Je ne m’appelle pas Google, je demande plutôt son avis à la spécialiste du monde animal. Spontanément, elle cite l’éléphant. Son frère la taille en pièces : des éléphants en France ! J’arbitre : il y en a bien dans les zoos, et si une paire d’entre eux a peut-être écrasé des petits enfants intrépides, ça ne caracolera pas en tête des statistiques. Je suggère que l’on cherche des animaux endémiques, alors Monsieur Je-sais-tout explique très approximativement ce que c’est, des animaux endémiques. Sa sœur rectifie le tir et pense aux lions, aux crocodiles, aux tigres. Nous stagnons, avenue Jean Jaurès.

Nous intermédons chérie FM, puis elle a trouvé et le dit très fort dans la voiture, nous sursautons. Comment ça s’appelle déjà, là, cet animal ? Ben, nous ne savons pas. Qu’elle développe un peu, qu’on sache enfin quel est l’animal qui tue le plus en France, chaque année. Mais si là, celui qui croque les fesses des gens ! Qui croque les fesses des gens ? On a dit endémiques, ma chérie. Mais si mais si, il est endémique : il croque les fesses des gens avec ses dents et il est endémique. On a dit pas les crocodiles ! Mais non pas les crocodiles : le gros là, comme un canard ! Comme un canard ? Ben oui mais avec des dents.

Nous cherchons mais elle trouve toute seule : l’oie ! L’OIE !

Ah oui, l’oie.

Avec ses grosses dents.

C’est pas la prunelle de mes yeux, la prunelle de mes yeux je m’en fous.

Nous nous foutons un peu d’elle. Pour dire vrai nous nous foutons beaucoup d’elle. Elle rit, et puis elle se met à pleurer, nous y sommes sans doute allés un peu fort.

Et puis ça roule enfin, nous rentrons, j’enfourne une pizza et ça roule enfin.

Premiers secours et compassion – Blog de Papa Lion

On peut crever tranquille.

Ma fille me dit que je peux tomber dans les pommes et qu’elle saura quoi faire, je n’ai pas très envie de claquer mais on insiste, alors avant de me laisser convaincre je me renseigne tout de même, t’inquiète me fait-elle comprendre, tombe dans les pommes et tu verras, je ne suis pas sûr de bien voir en tournant de l’œil mais c’est urgent alors je m’étale de tout mon poids sur un carrelage un peu froid et il faut reconnaître qu’ils les ont bien formés à l’école parce qu’elle garde son sang froid et me demande instantanément de faire le un-un-deux ; comme je ne suis pas en état de répondre, mon premier secours me prodigue les premières secousses : papa, réveille-toi, il faut vraiment que tu fasses le un-un-deux. Elle se fait du mouron à mesure que je me fais mourant : Papa, allez, fais le un-un-deux !

C’est perfectionnable.

C’est bien qu’ils apprennent ça ces petits, ils sauveront des vies c’est sûr. J’espère que ce ne sera pas la mienne. Mais si ça devait l’être j’aimerais que ce soit elle.

Depuis sa formation aux premiers secours ma petite infirmière est persuadée que je peux mourir à tout instant. Pas faux. Mais tout de même : mets ton casque, range le couteau, tourne le manche de la poêle vers le mur et sèche bien tes mains avant de brancher le mixeur. (Roule prudemment sur la piste recyclable). Faudrait pas porter la scoumoune gros bébé !

Dans la poêle dont le manche est dorénavant puni face au mur cuisent des lardons. C’est dégueulasse les lardons, plein d’antibiotiques et de colorants et de conservateurs et de gras. On y aurait décelé du porc. Mais les carbonara sans lardons c’est fade, ma secouriste veut bien les essayer, les pélardons dans les pates, elle confond tout, tout fond c’est con mais c’est bon. On carbone à ras. Le grand frère qui sait tout se met en évidence : Papa, tu savais que le Nil…ouaouh, il va m’en mettre plein la vue…ben le Nil…quand même, quelle tronche ce gosse…ben le Nil, est-ce que tu savais que c’est le plus grand fleuve…punaise il est bon…ben le Nil c’est le plus grand fleuve de France. Tu le savais ça Papa ? Le Nil, le plus grand fleuve de France ? Punaise, il est vraiment bon.

Ushuaia est encore au stade du gel douche. Mon intello déguisé en Kirikou chausse du 33 mais l’orteil touche le bon bout.

J’enlève les pélardons des pâtes à la plus rien du tout pour ma fille. Je géographise mon fils. J’éduque à la Dusnek, les sages sauront.

Nous jouons au ping-pong avec des balles couleur kaki qui depuis peu est orange. Ca doit être plein de vitamines ça, mais c’est dégueu. Je sors le tube d’acérola, je confonds tout moi aussi et nous rigolons beaucoup.

Mon fils va avoir dix ans. C’est là, demain, une semaine, dix jours et ça fera dix ans qu’il est tout petit. Paf. Je cours après le tant qu’il est petit. Comme il est encore tout petit il me reste du temps, à dix ans il sera mon grand et pas tant. Ma fille b-a-bate, je suis béat. L’enfance s’ébat.

Je me suis à présent ouvert le bras en bricolant. Ca pisse le sang. C’est un scénario à deux balles, ma fille pense que je peux pisser le sang quand je bricole avec un pauvre tournevis. Ma fille panse car je pisse le sang : elle appuie et rit. Quel sang froid. Je suis mort, deux rires. Je n’ai pas à m’inquiéter : elle a appris à faire une compassion, à l’école. Moi qui allais bien, je me sens déjà mieux.

Septembre, Maurice Carême et tableaux de conversion – Blog de Papa Lion

Bébé Lionceau porte des chaussettes à motifs et des crocs et je me fous un peu d’elle mais elle est habillée à l’italienne alors finalement je dis oui (j’aime bien l’Italie, tout le monde aime bien l’Italie) puis elle me demande ce que ça veut dire à l’italienne. Je lui recommande la lecture du penseur Barzotti. Je l’aime à n’importe quel pays et change d’idée sur les italiennes. Elles ne sont pas plus belles que les autres : elles portent en toute simplicité des crocs et des chaussettes. C’est tout. Nous apprenons la poésie de l’automne en zozotant que les feuilles rousses font un tapis d’or et vice-versa. C’est le cours préparatoire. On se prépare à apprendre des poésies à la con. Je la prie d’enlever ses chaussettes. Le CP c’est le début de toutes les emmerdes et Grand Frère Lion qui court moyennement deuxième année s’embourbe dans son tableau de mesures. Quand je pense que je fais ce métier, moi aussi. Il faudrait supprimer les devoirs, ça sert à pourrir les jolis week-ends, il faudrait avoir l’audace d’écrire pour les devoirs de profiter du week-end et de jouer à courir après son père mais il faut faire des tableaux de conversion et apprendre des poèmes de Maurice Poème. Y’a pas plus cons que les instites. Je me demande quelle tronche il pouvait avoir, Maurice Carême, bon allez je cherche et je trouve ça :

J’évite de montrer ça à Bébé Lionceau. Elle pourrait croire que c’est Picasso. On prépare l’apéro et puis pschitt, pas d’apéro, les enfants s’en vont et je m’enquille le sauciflard à moi tout seul. J’entretiens des relations privilégiées avec la CAF, Free, La Poste, EDF pour le gaz, GDF pour l’électricité, le courtier, l’ancienne propriétaire, l’autre ancienne propriétaire, la banque populaire et je me demande bien pourquoi. On a écrit une chanson avec les élèves, hier. C’est ou ce sera la chanson du vendredi. Vendredi on envoie danser les tubes de colle, un truc dans ce goût. Un tube décolle. On s’amuse bien.

Je voudrais juste apprendre à mes élèves à lire et à écrire des chansons mais faut que je les évalue parce que c’est le début d’année de fin de septembre. Je ne sais pas du tout pourquoi il faut faire ça.

On a déménagé, c’est chouette, le voisin ronchonne et le chat ronronne. On est dans les arbres, une cabane. C’est clafi de bonnes ondes et de moustiques. Je mets les fringues trop petites de ma fille de côté, pour ma nièce. Je mets les fringues toujours à sa taille de mon fils, pour l’hiver. C’est toujours un bel enfant en six ans. Il tire dessus ou c’est que les fringues grandissent avec lui. Il a repris le tennis, un copain qui n’en est pas vraiment un s’est foutu de lui. J’ai dit à mon fils de lui casser les dents, il n’en fera rien. La mère du copain m’a entrepris : il faudrait que je lui parle, à son fils, parce qu’elle ne s’en sort pas. Casser les pieds, casser les dents, elle me cassait tout.

La maman de Grand Frère Lion a insisté pour le tennis, elle avait raison. Qu’il s’y ferait des copains. C’est pas encore un échec mais ce n’est pas tout à fait un succès. Je me suis fait une copine : la mère du trublion casse-couilles. Elle ne me lâche plus. Elle échangerait bien son fils contre le nôtre. On entend des trucs, des fois. Ce matin j’ai entendu un papa dire à son fils qu’il fallait qu’il avance, sinon il allait le frapper. Ca m’a ébranlé. C’était un de mes élèves. J’espère qu’il m’apportera une feuille morte ou une bogue lundi matin. Pas un marron.

J’ai le moral au top avec mes enfants, et puis aussi avec mes élèves. Ils vont tous bien en classe, je crois. On se poile et on bosse et puis c’est des fois le bazar, je gueule et ça va. Je n’ai aucune envie des les évaluer nationalement. L’inspectrice m’a demandé d’aller chercher les évaluations à la circon, j’ai dit non. Elle me les a déposées, y’en a 22, j’ai 25 élèves. Je ne cherche plus à comprendre. J’ai très envie de les siphonner, les évaluations nationales de début d’année de la fin de septembre.

On a un beau jardin à présent. Grand Frère Lion fait de la pétanque et s’énerve. Bébé Lionceau court après le chat. Ils me courent après, quand on en a fini avec Maurice Carême et les tableaux de conversion.

10 jours à l’ouest – Blog de Papa Lion

On est partis en Bretagne et même si c’est plus tout à fait la Bretagne c’est quand même mon far west, at last, c’est à l’ouest et c’est très far de chez nous, far breton cela va de soi, poke Mamie Lion, Tonton Lion et tous les amateurs de flan aux pruneaux. C’est si loin qu’on est partis en avion et rentrés en train, les grèves c’est bien mais seulement sur le temps scolaire. « Dommage que Tonton soit pas  » ont dit les enfants, eh oui, l’amuse-cadet a raté le muscadet. On a crevette de froid puis de chaud, la Bretagne est une terre de contrastes. On s’est mis au bulot le cœur léger et à la palourde le beurre salé, palourde à propos de laquelle Grand Frère Lion s’est autorisé quelques bonnes blagues pas lourdes du tout. On s’est régalette complète et c’était bon.

Quoique c’était l’année des méduses et ça a quelque peu compromis les baignades du rejethon. Je ne sais pas quel sac plastique a glissé entre ses jambes de surfer à J+4, mais passé J+4, il n’a plus fallu lui parler de baignade. La faute aux méduses. Il en voyait partout, des méduses : dans l’eau, sur le sable, dans sa serviette, je lui ai dit qu’il y en avait sous son oreiller et il a jeté un œil. Il nous a demandé si ça nageait à la verticale ou à l’horizontale, les méduses. A J+9 qui était J-1 avant le départ, il a pris le taureau par les cornes et la planche sous le bras et est allé se baigner, surtout pour faire plaisir à Papi Lion qui commençait à se demander qui lui avait refourgué un petit fils pareil et vu que c’est à moitié moi j’étais bien content qu’il y aille, à la baille, vaille que vaille.

Façon Hossegor mais désireux de garder le cap breton, le surfait a décrété l’absence de vagues. Pas de vagues, pas de planche. Sans planche, il repasserait, mais plutôt l’an prochain. La fière sœur du surfer ne boudait pas son plaisir : elle s’est bien amédusée dans les vagues, Ponyo la méduse, hilare et la manière avec. Une vraie Bretonne de Nîmes en Loire-Atlantique. La Bretagne était toute bleue, c’était beau.

On fait des canaux quand ça caille, hac ! On fait des châteaux de sable émouvants, qu’on maquille à la truelle et on se marre à la pelle. Les grands-parents sont des maîtres nageurs, ma poule à la chair qui lui sied le mieux, mon poulet est d’un blond bronzé qui me fait chavirer. Beau, gosse, un muscadin avec un grain, de sable dans la croc, c’est la Bretagne, c’est tous les ans depuis dix ans. Je crois que c’est la vie !

(Il y a quelques années il était déjà question de Croc’s et de sable qui gratte. J’ai cherché ce qui y était écrit mais c’est perdu. Une histoire de grain de sable dans le Croc’s. Peu importe, rien n’a changé.)

 

Les Pifises – Blog de Papa Lion

Je lui ai pris Pif un peu au pif et aussi parce que les unes macronisantes ne le tentaient pas plus que ça et à sa sœur le dernier numéro de Schtroumpfs parce que ça la schtroumpfait pas mal avec les gommettes en plus tu m’étonnes. Je lui ai fait l’article, faut dire que y’en a de bons dans Pif, en tout cas dans mon souvenir car Placide ne m’amuzo plus depuis longtemps. Je lui ai dit que les gadgets c’était de la crasse, il m’a cru et du coup il l’a pris. J’ai pour ma part choisi la Une macronisante. La Une à Nîmes qui ne m’a pourtant pas tellement convaincu.

Quand j’étais gosse mes parents ne voulaient pas que je prenne Pif parce que les gadgets étaient foireux. Ils craignaient aussi que l’hebdo m’adhère au Parti communiste. Il faut reconnaître que Georges marchait pas droit. En tout cas mes pièces de 10 francs n’auront pas suffi.

Je lui ai parlé du passé mais pas du PC. Il avait le pif collé dessus, mon sympathique sympathisant, alors il l’a pris. Pour l’avion, et pour les Pifises.

Je lui avais bien dit que c’était de la crasse. J’ai ricané quand il a versé sa poudre de Perlimpinpin dans l’eau, pourtant Perlimpinpin est un Dieu toujours vivant. Il s’attendait à voir plein de petits copains apparaître, tendre enfant solitaire, des petits Pifises dans l’appartement, nous voilà bien. On est partis en voyage et ça nous a fait l’avion puis tout le séjour : quand on reviendra, les Pifises…si ça se trouve, y’en aura partout des Pifises…on ne pourra peut-être même pas ouvrir la porte, tellement y’aura de Pifises…ils auront peut-être descendu les bières de Papa, les Pifises…ils auront éventuellement croqué tes doudous, les Pifises. Là c’était moins drôle d’un coup.

Ben c’est pas de la blague, en rentrant chez moi quatre jours plus tard, je me suis quand même demandé s’il n’y aurait pas une ou deux larves dans l’eau. Mais non, rien. Les enfants étaient déçus.

On est passé à autre chose mais il ne fallait surtout pas vider l’eau, au cas où, et on a quand même versé la deuxième poudre magique, au cas où aussi, la poudre qui alimente les Pifises mais qu’il ne fallait surtout pas verser dès le premier jour mais seulement une semaine après, d’ailleurs ça ne faisait pas tout à fait une semaine et Grand Frère Lion commençait à se demander si allait marcher et je commençais à me dire qu’il était temps qu’il se pose véritablement la question. J’ai gardé la flotte avec rien dedans, les enfants sont partis, je suis resté avec mes Pifises parce que je n’arrive pas toujours à passer à autre chose. Et que les enfants sont « trop petits pour être malheureux », comme dit la chanson chérie.

J’ai vu plein de trucs depuis qu’ils sont partis : des gamins jouer du piano sur Facebook et ils jouent super mal, des gamins dans les parcs et ils crient très fort, des gamins des autres que j’aime beaucoup et que je ne suis pourtant pas allé voir, finalement, et je m’en suis voulu parce que ce sont les seuls gamins que j’accepte de faire rire quand les miens ne sont pas là. Et aussi des gamins en photo, c’étaient les miens.

Alors j’ai fait le ménage. Les Lego dans la boîte à Lego. Le Pif Gadget dans l’étagère ad hoc. Le capitaine Haddock dans les tas « G.R. ». Les prospectus dans la pochette à souvenirs et les dessins dans la pochette à dessein. J’allais vider l’eau mais j’ai vu un Pifise mort né, enfin un Pifise quoi, je n’allais pas le foutre en l’air, faut pas foutre en l’air, faut foutre en l’eau, vite la deuxième poudre magique, fantasme néonatal ou délire prélétal je ne savais pas bien, je n’ai pas tout versé parce que je me suis souvenu que lui non plus il ne finissait jamais ses biberons, et là fallait reconnaître qu’il y avait bel et bien un copain qui flottait.

J’ai quelques amis qui flottent en ce moment.

Je l’aurais volontiers pris en photo pour l’envoyer à mon gamin, petit ami des larves, mais c’est con un Pifise : c’est translucide.

En transe mais lucide j’ai dû faire un choix : garder le Pifise, le nourrir, et avoir enfin un petit copain sympa pour mon gamin, ou bien l’abandonner au tout à l’égout. Le garder c’était bien parce que pour une fois, un gadget Pif aurait duré plus d’une semaine, mais le garder c’était s’attendre à le voir claquer (voir la taille de l’ersatz de pseudo crevette) et imposer un deuil difficile à mon fils. Mon p’tit fils, son Pifise, quitter l’un, garder l’autre, je n’y comprenais plus rien.

Alors j’ai reversé un peu de poudre dans l’eau, en attendant le lendemain.

 

 

 

 

Blog de Papa Lion – les paradoxes déconnent

Ca c'est un stylet stylé.
Ca c’est un stylet stylé.

Avant la réunion j’ai un moment d’intimité mais disons plutôt d’aparté pour qu’il n’y ait pas de malentendu car nul malentendu avec les parents de M., jamais de malentendu avec les parents de M, prenons nos gardes. Je les informe quand même : ce matin, mon stylet était en panne, impossible de faire fonctionner le tableau blanc interactif. Alors M. a analysé : ben ton stylo Maître il déconne alors je l’ai fait répéter et il déconnait encore le stylet alors j’ai appris à M. que déconner est un gros mot et qu’il valait mieux dire qu’il ne marchait pas ou mieux qu’il ne fonctionnait pas ou encore mieux qu’il dysfonctionnait. Et la maman de M. m’a rassuré : face à la stupéfaction tenace de M. le soir venu devant cette incohérence lexicale, le papa de M. a dit à M. que déconner était un gros mot à l’école et qu’il ne fallait l’employer qu’à la maison. Je ne déconne pas, c’est vrai, il le lui a vraiment dit. Je ne déconne pas.

J’ai un certain succès pendant la réunion avec mon tableau blanc interactif sur lequel je montre sans regarder ma montre à quoi ressemble une séance de lecture : le peuuu avec le aaaaa fait paaaaa et la plupart des élèves l’ont encapé sauf M. dont le père prend la parole, du coup ça sent un peu la bière et le tabac dans la salle de classe dans laquelle j’ai pris soin de ménager un courant d’air confère un précédent article.

« Et comment ben c’est pas à cause de votre tableau là ben comment que M., eh ben il arrive pas à déscotcher de sa tablette ? »

Je mords ma lèvre mais pas la poussière et ne lui réponds pas que c’est à cause de lui, la tablette, non, toujours professionnel je vante les mérites d’une pratique équilibrée des nouvelles technologies, j’utilise des mots simples sans illusion. Et puis je poursuis ma séance de lecture : avec le peuuu et le aaaaaaa on apprend à faire paaaaa et pa et pa ça fait papa, j’interprète des regards confiants, pas mal ce maître, et j’annonce fièrement que nous lisons les premiers mots : papa, papi, et fatalement pipe.

Le père et la mère de M. éclatent de rire. Pipe. Ils sont vraiment hilares, sourires gênés dans l’assistance. Bon. Problème de références, d’environnement social, intellectuel et là j’ai les fesses entre deux petites chaises de CP : on est l’institution et on aide car enfin ce n’est pas la faute de M. si ses parents boivent et fument à tel point que son cahier de liaison sent le tabac et la bière, il n’y est pour rien hein, et sans doute que ce n’est pas sa faute s’il insulte à tour de bras et qu’il parle sans cesse et que quand un stylo déconne ben M. le dit très fort dans la classe. « Maître il déconne ton stylo. ». C’est vrai moi j’ai été élevé sans gros mots parce que mes parents ont été élevés sans gros mots, dans les livres et la douceur, j’ai grandi avec des parents bien élevés et avec des livres et de l’attention et des rêves mais enfin y’a des moments où on craque et là j’ai envie de penser très très fort qu’ils pourraient faire un tout petit effort pour aider leur enfant. Mais non c’est mon boulot rien qu’à moi. Allez tous ensemble : ce n’est pas la faute des parents de M.

D’abord c’est un stylet, pas un stylo !

La réunion touche au but et donc à sa fin. J’oriente qui vers la responsable des activités périscolaires, qui vers l’orthophoniste, qui vers la sortie.

A peine plus tard je suis dans un bureau immense, trois salles de classe réunies, moquette blanche, bureau acajou, lampes design et bing je me mange une lampe design. Maître, elle déconne votre lampe. Enfin elle dysfonctionne. Enfin elle est trop basse quoi, on se fait mal ! Maman Lionne et moi signons une convention de divorce à l’aide d’un Bic bleu dysfonctionnant piqué à l’école. Je paraphe d’une main tremblante. Maître Truc, lui, montblante. Nous entérinons notre perte réciproque sans courir à notre perte et c’est là la magie du paradoxe et je me demande si un jour le paradoxe me foutra la paix.

Ben je suis triste et puis je m’égaye en pensant à vendredi. Je m’en fous de tout ça : je retrouve mes enfants vendredi.

Dans la rue je croise les parents de N. Attention à ne pas confondre M. et N. Tous ces parents-là picolent mais N. est roumain et ça c’est mon petit challenge parce que j’aimerais bien visiter Bucarest à l’œil. Ils ont rendez-vous devant le temple et c’est ça qui est magnifique dans une ville à tradition protestante peuplée de roumains à tradition templiste voire trappiste c’est qu’ils vont s’enquiller des bières devant le temple et qu’ils te le disent. Le père m’appelle Maître comme si j’étais son avocat à lampe trop basse et pourtant je ne suis que l’humble et incompétent Maître d’école de N., 1700 euros par mois, le nirvana pour les uns, Nirvana pour les autres. Alors je leur souhaite une bonne soirée, pourtant ils ne vont que boire des bières devant le temple et je ne suis pas sûr que N. saura ses voyelles demain. Je glisse quand même à son père que je prendrai N. en soutien et qu’il faudra signer un papelard, le père de N. signera tout ce que je voudrai. Je crois qu’il m’aime bien. Le temple me tend les bras mais non, je rentre chez moi et à demain, N.

Je m’en fous, je retrouve mes enfants vendredi.

La bienveillance – Blog de Papa Lion

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Lors de ma réunion parents-professeur de jeudi je promets sur la tête de mon tableau blanc interactif que le directeur fera court et qu’il y aura un courant d’air, de la fenêtre à la porte ou l’inverse.

C’est la réunion de grande section. J’y vais pour faire plaisir à ma fille et à sa maman parce que je sais déjà qu’on pratique la motricité tous les jours et la motricité fine tous les jours aussi. Au fait c’est quoi la motricité pas fine ? Ben la motricité large, la motricité bourrine, l’EPS, le sport quoi. Enfin on joue avec des cerceaux. Il fait chaud dans la classe et les deux maîtresses assurent qu’elles correspondent tous les mercredis (mon œil) et qu’elles entretiennent un cahier de liaison (mes fesses). Moi j’ai chaud je voudrais partir d’ailleurs je pars, présentant des excuses excessivo-maladroites à la maîtresse et demandant à un enfant passant par là où on peut se rafraichir un peu, voire s’asperger d’eau, foutue cagnasse, foutues salles exiguës, foutue situation. Je reprends ma place tout con tout confit tout confus, mon ex-femme qui n’est pas encore mon ex-femme me demande si ça va je dis ben oui, ça va. Mes genoux sont à l’étroit sous la table de maternelle, je préférerais une marelle avec Bébé Lionceau ou un baby-foot avec Grand Frère Lion mais ce ne serait pas bien vu d’autant que la directrice arrive. Elle nous parle de communication bienveillante mais elle n’est pas foutue d’ouvrir la fenêtre qui donne sur la rue, pourtant ça ferait un joli courant d’air bienveillant mais non, sans ouvrir le moindre carreau elle nous suggère de venir le samedi échanger. A propos de la communication bienveillante. Mais c’est pas vrai, ils tapent tous leurs enfants ou quoi ? Moi je suis bienveillant avec mes enfants, je les serre un peu fort parfois ça doit leur faire mal dans les côtes mais ils ne s’en plaignent pas. Je n’ai pas besoin de leçons de bienveillance, je suis bienveillant avec mes enfants et aussi avec mes 25 élèves et je suis même bienveillant avec leurs parents, et ça c’est méritant. Enfin l’autre jour dans la rue j’ai hurlé sur la mère d’A mais ils faut dire qu’elle n’était pas bienveillante avec le portail et qu’elle voulait appeler la police parce que son fils était à l’étude et qu’elle n’avait pas que ça à faire, attendre comme ça dans la rue. Je pense au contraire qu’elle n’a que ça à faire et comme ça l’ennuie que son fils étudie elle s’occupe en démontant le portail de l’école, bon d’accord je lui ai hurlé dessus, mais de façon bienveillante, après elle a juré dans une langue inconnue, j’ai juré aussi, on n’était plus très bienveillants mais et pour une fois ça m’a rendu service qu’elle ne parle pas français.

Il fait de plus en plus chaud, je sens la présence de la maman de mes enfants derrière moi, je sais qu’elle voudrait bien s’en aller elle aussi, on est cons aussi à y aller tous les deux.

Ca finit enfin, je m’offre une petite marelle avec ma fille, elle se marre, elle, elle a bien de la chance, elle, et moi aussi parce que son petit rire là, celui qu’elle a inventé pendant l’été ou qu’elle est allée pécher je sais pas où ben c’est pas qu’un rire, c’est de la bienveillance en barre pour son papa, je voudrais qu’elle rie de longue alors pour qu’elle rie un peu plus je demi-tourne sur « Ciel ». Si elle avait eu un élastique, je lui aurais appris la chaise. J’aurais inventé en tout cas parce que la bienveillance ça ne s’apprend pas le samedi matin avec la directrice, ça se passe par la main et par le rire.

Nous quittons l’école en pestant et en rigolant. C’est bon de pester et rigoler, c’est fédérateur. C’est malveillant pour la directrice mais c’est bon.

Il y a un fond de champagne sirupeux genre pas bon mais paraît-il bon quand-même alors je monte les escaliers et descends le champagne. On se reverra demain pour la réunion de Grand Frère Lion, on va se revoir alors je m’y revois un peu. Mais l’heure tourne, j’aurais bien aimé être bienveillant encore un peu. Mais non, je brise les côtes de mes deux enfants et puis  je pars.