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Vendredi – Blog de Papa Lion

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Y’a des jours dont on a manqué la nuit d’avant il semble alors que les élèves parlent très fort sous le préau, on a froid, on cherche le radiateur et ses mots et quand c’est à leur tour ils racontent des trucs qui n’ont rien à voir. On pense alors à partir et qu’il faudrait gagner au loto, au moins le droit de rejouer, et c’est à la récréation que ça fait le plus mal à la tête, une histoire de ballon quillé qu’il s’agirait de déquiller et faudrait bien arrêter d’inventer les mots. On rentre dormir chez soi et on oublie de manger, du coup on a faim et on boit un thé, on se souvient qu’on disait « sans rapport fils unique » sans se souvenir d’où ça venait ; comme quoi… On file l’après-midi, un long fil tout noueux qui fait la blague et ça tombe bien car on n’en fait pas beaucoup, on colmate les brèches tandis que les brêles comatent. On trouve à certains moments que les murs tapent quand même un peu fort sur la tête et ça soulage de ricaner en pensant au cholestérol que les charognards à marcel promènent sur les parois de ma vie. L’effet mère des sentiments fait penser qu’on dit et qu’on entend un peu n’importe quoi et que ça peut durer des années. Le ciel est bleu, les idées noires, l’atmosphère glaciale. On se convainc que les jours rallongent puisque Collado l’a dit, ah non il est parti à la retraite et même ça c’est triste, pourtant on devrait s’en foutre de Collado, ben on trouve ça quand même triste. Ils écrivent les devoirs. Aucun d’eux n’a inventé le soleil mais on les aime bien, à peu près tous, même les très crétins. Ils nous apaisent même, parfois.

 

On décolle d’école en école et la journée commence enfin.

 

Parce qu’à 16:30 y’a ma fille qui est assise toujours à la même place et qui fait toujours la même tête en attendant de me voir et jamais la même tête quand elle me voit, aujourd’hui elle sourit bon elle sourit à chaque fois quand elle me voit mais là elle fait un sourire qui veut dire un truc du style c’est la remplaçante elle est sévère je ne peux pas me lever mais attends, Papa, attends, alors j’attends mon tour, c’est vrai que la remplaçante a l’air strict mais enfin c’est pas facile comme métier, surtout à 16 :30 le vendredi et surtout avec des pères qui disent à peine bonjour tellement ils sont contents de revoir leur fille, alors je la regarde fixement jusqu’à ce que ce soit son tour, enfin le mien enfin le nôtre, on s’entreregarde avant de se rentrer et de se garder et la maîtresse me demande enfin qui je viens chercher, ben ma fille, enfin, Bébé Lionceau, elle me dit qu’elle travaille bien mais qu’elle n’a pas beaucoup d’amis, on voit qu’elle est remplaçante elle, bien sûr qu’elle travaille bien, bien sûr qu’elle n’a pas beaucoup d’amis mais elle prend son petit sac Barbapapa et son sac de chez Maman à chez Papa et elle se paie mon cou et comme j’ai encore un peu de dignité j’arrête là.