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6 ans – Blog de Papa Lion

Bananes infectes : du coup je me suis gavé.

Puisqu’elle a six ans c’en est fini des caprices et d’ailleurs elle se douchera sans que je l’aide. Elle l’a dit quand elle avait 5 ans, c’était avant-hier. Nous avons fêté son anniversaire chez sa maman hier après-midi, j’ai été le premier invité à arriver, elle m’a ouvert la porte en ricochant dans tous les sens, genre salut je te préviens je suis super excitée, d’ailleurs j’avais des fleurs à la main, pour elle et pour sa maman et même une fleur coupée pour son grand frère, ça ne l’a pas calmée, elle m’a dit qu’elle allait les mettre dans un peu d’eau, je crois qu’il faut être grande pour dire un truc comme ça : « je vais les mettre dans un peu d’eau ». Elle a demandé un vase à sa mère, c’est certain : elle avait changé pendant la nuit. Enfin elle était quand même très excitée : ils arrivent quand ?

Ils ont fini par arriver, c’est marrant les gamins de 6 ans parce que c’est tout content d’arriver mais ça ne veut pas forcément entrer, il faut tendre un peu la main et ma grande fille a été très accueillante, elle a montré les fleurs à tous ses copains. Ils ont eu l’air de trouver ça bizarre comme cadeau, des fleurs. « Bon ben… » ont-ils tous eu l’air de dire en tendant leur propre cadeau à ma fille, et on a dit un peu pareil à leurs parents pour qu’ils s’en aillent : « bon ben… ». On a pris les numéros de portable au cas où, d’ailleurs on peut se demander au cas où quoi, mais enfin c’est l’usage, comme « merci et bon courage – Pas avant 17h30 hein ».

Mais on ne les a pas tous raccompagnés à la porte, la maman des jumelles nous a fait un drôle de caprice, elle a dû sauter son anniversaire des 6 ans celle-là, quoi qu’il en soit elle a d’abord sorti deux paires de chaussons pour ses fifilles, faut reconnaître qu’ils étaient pas mal, Reine des neiges et compagnie, on s’est regardés un peu amusés avec la maman de Bébé Lionceau et de Grand Frère Lion, parce que les trucs amusants ça continue de nous amuser beaucoup, mais on a moins rigolé quand la maman des jumelles a sorti une troisième paire de chaussons : les siens. Des chaussons Reine des … , et la voilà sur le canapé à jouer avec les enfants, surtout les deux siennes. Bon. J’ai eu peur qu’elle donne toutes les réponses à la chasse au trésor mais non, elle a tenu sa langue et son téléphone portable.

C’était chouette en tout cas. Je n’avais plus mangé de banane Tagada depuis trente ans : c’est infect ces machins là et j’en ai quand même mangé plusieurs. C’est infect et on s’en rend compte après coup. Alors que les fraises, elles, sont toujours excellentes. Et de saison.

Et puis ça a été 17h30, la maman des jumelles a rangé les trois paires de chaussons dans son sac et remis ses bottes, elle a au l’air d’avoir passé un très bon après-midi. Les enfants se sont bien poilés et nous n’avons pas déploré le moindre dégât matériel ni humain. Mes enfants ont une maman formidable. Avant de partir, une maman m’a demandé, à moi, si ça faisait longtemps qu’on habitait le quartier. Je lui ai expliqué que je n’habitais pas là. « Bon ben…merci » et puis elle est repartie.

J’ai un peu aidé Maman Lionne à ranger, mais enfin je ne savais pas trop où ranger les choses, et comme j’étais venu sans mes chaussons il a fallu repartir. « Bon ben…merci ».

Bon ben de rien. On s’est souri et puis je suis parti.

D’ailleurs, pour une fois, ma fille ne m’a pas demandé de rester. Je crois qu’elle a 6 ans, maintenant.

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( Comme les premières années du blog ont disparu, voici ce qui s’était passé pour les 6 ans de Grand Frère Lion. C’était il y a plus de trois ans, en décembre 2013.

Mercredi dernier, la maison était the place to be. Grand Frère Lion nous avait gonflés pour qu’on mette des ballons partout et qu’il y ait des jeux comme l’année dernière. Jeux, jeux jeux, je lui dis, mais enfin, il n’y en a que pour toi : non, il répond, pour moi et mes poteaux. Alors nous lui avons concocté l’anniversaire qui lui assurer sa réputation de petit mec le plus cool de sa classe de CP.

Ils sont arrivés bien à l’heure et tout timides. N. a mis sa plus belle robe et M. son plus chouette jogging. En guise d’amuse-bouche, le garage et la dînette ont fait sensation. Puis ça a été la queue de l’âne (le remake de l’an dernier, mais une valeur sûre), la pêche à la ligne (idem) et enfin l’atelier marque-page, l’occasion pour moi de sortir ma plastifieuse qui va m’assurer la réputation du papa le plus cool du CP, sauf auprès de M.A. qui depuis le début préférait continuer sur les petites bagnoles. Les marque-page plastifiés, Grand Frère Lion nous a demandé de sortir la patoune – là, sa réputation de mec le plus cool a pris un coup dans l’aile, ils l’ont tous regardé en écarquillant les yeux, c’est quoi la patoune ? Ben la pâte à modeler, balance-t-il. Ouf, ils ont ça trop cool comme nom, la patoune. Sensation, là encore. Oui, patoune, petites voitures et dînette pour des gamins de 6 ans. Je crois que le mercredi leur fait du bien (n’en déplaise à celui dont « la réforme…s’il savait etc. »).

Et enfin a sonné l’heure du gâteau et des cadeaux. Les cadeaux, les cadeaux, j’ai lancé, et ils m’ont tous suivi. Grand Frère Lion a ouvert ses cadeaux soigneusement, a dit ouah pour chacun, a eu un mot gentil pour chacun et a fait un bisou à chacun, sauf à M.A. qui a préféré qu’on lui serre la main, c’était bien mignon tout ça. Alors j’ai fini par dire que c’était bien mignon tout ça, mais que si on mangeait ? Le gâteau, le gâteau j’ai lancé, et ils ne m’ont pas suivi parce que Maman Lionne arrivait déjà dans le salon avec son gâteau de fou. On a quand même chanté Joyeux anniversaire en français, en anglais, en espagnol, en portugais et en arabe. Sauf M.A. qui a chanté Papaouté. On s’est régalé, et puis ils sont tous partis se laver les mains et se sont remis à jouer, jouer, mais enfin ils ne pensent qu’à s’amuser ces petits ? Ben oui.

Et ça a été l’heure des mamans. M.A. a haussé les épaules quand sa maman lui a demandé si il s’était bien amusé. D. a dit à son père qu’il devait acheter une plastifieuse, mais le père était en warning devant la maison, je ne sais pas s’il a été d’accord. N. ne voulait plus partir, elle en a pleuré. Comme il a fallu la consoler, ça a pris du temps, Grand Frère Lion lui disait qu’elle pourrait revenir quand elle voudrait et ça la faisait encore plus pleurer, alors j’ai fait un peu plus connaissance avec sa mère et avec celle de S. Elle sont plutôt sympa ces mamans. Elle sont toutes voilées, je voulais leur poser plein de questions sur le voile : si elles le portent chez elles, si elles le portent sincèrement par plaisir, ce qu’elles pensent de Maman Lionne qui a les cheveux tout lâchés, si N. et S. devront en mettre un sur la tête quand elles seront plus grandes. Mais enfin nous ne sommes pas si intimes. Et puis je voudrais que N. et S. reviennent l’an prochain, alors j’ai remercié leurs mamans d’avoir gâté Grand Frère Lion et leur ai poliment serré la main. L. voulait bien partir, elle, mais c’est son grand frère qui voulait rester, et sa mère aussi qui nous a bien pris le chou avec ses charges contre la maîtresse. Elle nous avait déjà fait le coup l’année dernière : les maîtresses mettent soit disant la barre trop haut. Nous avons peiné à nous en débarrasser, ainsi que du fils ainé qui ne se lassait pas de confectionner puis cuire des gâteaux à la patoune dans le four de la dînette et à qui je me suis surpris de dire qu’attention, la grille était sans doute chaude. Mais enfin ils sont tous partis, nous nous sommes retrouvés enfin seuls avec nos milliers de miettes de patoune à balayer, la plupart déjà sous nos semelles ce qui faisait toujours ça de moins à ramasser.

Grand Frère Lion nous a remerciés. Il était content d’avoir ses potes. Il n’a pas toujours été comme ça, Grand Frère Lion. Mais à six ans, il est encore souvent dans son monde, notre fils. Le voir dans son univers nous a fait du bien. )

La peau – Blog de Papa Lion

Je ne sais pas trop comment faire pour l’anniversaire de ma fille que je n’appelle plus Bébé Lionceau tant elle mute en Grande Gazelle. Elle m’a demandé du roblochon, j’ai beau lui expliquer que ça s’appelle du reblochon et que ce n’est pas bon, elle n’en démord pas, elle veut mordre dans du roblochon, vu qu’elle ne mange pas grand chose j’ai presque envie de lui planter des bougies dans un grand reblochon qu’on partagera avec amour et s’il en reste elle le mettra dans son terroir pour le finir le lendemain matin. Elle voudrait aussi des légos et des robes et un stylo et des mandalas. Et un appareil photo, c’est l’effet mère, elle immortalisera l’éphémère et les rides, l’éphéméride moins quelques pages, faut que je me bouge et que je trouve mieux qu’un fromage de Savoie fluette. Un petit roblochon et un gâteau au chocolat et tout ira bien Papa. Elle votera pour moi aux présidentielles et si on gagne on repart à la montagne, fallait la voir à la montagne, gavée de neige, la luge, l’Eden, devant la maison la reine déneige à grandes pelletées vertes et dommage que les bonshommes aient fondu : on avait prévu de les ramener à la maison.

 

Un roblochon, des dobardeurs, une partie de Nomopoly et peut-être une consultation chez l’autophoniste tant elle dézingue les syllabes et c’est très bon parce qu’à chaque fois son frangin la reprend et moi je cligne de l’œil dans le vide en me disant qu’il faudrait l’enregistrer mais je n’ai jamais rien pour l’enregistrer. Quand ils repartent pour une semaine j’ai le cœur taillé en tout petits morceaux, pas celui à réécouter des extraits d’enfance alors je laisse retomber la sauce papa, je range la chambre, je dérange les légos dont elle est Friends et les plaies mobiles. C’est comme ça quand on a ses enfants à mi-temps : on en profite pour deux semaines et puis on range dans les petites boîtes.

 

J’ai des bons films d’elle, c’est classé dans des dossiers à la nomenclature oublieuse comme 2016 > Eté 2016 > Bretagne, des trucs qui mouriront puisqu’il faut bien mourirer un jour quand mon ordi aura enfin cané, une VHS aurait aussi mal fait l’affaire, HS. Ca ne sert à rien de prendre des photos, filmer est encore plus con, il vaut mieux s’en foutre plein les mirettes et les naseaux, cette odeur d’enfant qui ne s’est pas lavée depuis trois jours et qui pue bon, il ne faudrait plus qu’elle se lave pour que je garde son odeur de peau dans l’appartement quand elle n’est pas là, sa peau tiens faut en parler : elle voulait prendre des couleurs à la neige, elle avait dû entendre parler des couleurs qu’on prend à la neige, elle n’a pris que trois taches de rousseur sur ses belles joues vanille, j’aurais dû les prendre en photo mais je n’ai pas d’appareil photo, constellation sans consolation, j’ai mis de la crème sur son nez, c’est les dermatos qui disent qu’il faut le faire, alors je l’ai fait, ben je n’ai eu que du blanc et trois taches mal nommées. Elle est belle et j’en suis amoureux, cette petite fille c’est le nirvana qui ne sent pas encore le teen spirit. Ca viendra assez vite.

 

Un roblochon. Ben elle me coutera pas cher pour ses six ans, ma jolie gamine.

Ils foncent – Blog de Papa Lion

Ca se passe chez leur maman, Grand Frère Lion a dû faire son pénible comme il sait faire quand il fait son pénible avec sa petite sœur qu’il aime et qu’il n’aime plus, en fonction de ses jouets et sa propension à les lui prêter et quand on sait qu’elle les prêterait à la Terre entière des fois je trouve qu’il exagère en tout cas l’anecdote m’est racontée au téléphone et je ris à gorge déployée dans la rue, ça ne fait pas tellement de bruit parce que je suis un garçon discret mais j’imagine la scène alors j’essaie de la retranscrire. Elle est fâchée, il a dû la traiter de bébé, ça ne se fait pas, est-ce que je la traite de bébé moi ma Bébé Lionceau ? En tout cas elle fait la tronche d’après ce que je comprends ou j’imagine, elle snobine, elle doit minauder et pétassouiller un peu, le Cœur, trop belle tout ça, et voilà qu’il a envie de nouveau de jouer avec elle. Alors il présente ses excuses, c’est à la mode, tout était légal mais il présente ses excuses, il voudrait bien qu’elle rejoue avec lui et lui fait passer un petit mot. Oh, rien d’obséquieux, faut pas exagérer, c’est un lion, un fauve une bête, « excuse-moi tu veux bien rejouer avec moi ? » Il convoite sans doute un Légo Friends (foutu genre) ou le petit accordéon (genre foutu pour foutu), en tout cas la princesse des neiges ne dégèle pas : elle fait durer le plaisir, monter les enchères, pousser la concurrence, rend fou son petit homme de grand frère, ça se joue par petits mots griffonnés et punaise ce qu’il écrit mal, toujours est-il qu’elle ne sait pas encore écrire, son drame, sa croix, sa grande section, et puis alors que l’autre bave à sa porte elle demande à sa mère, l’air de rien, tout dans cet air, « NON, ça s’écrit bien N-O-N ? ».

 

Caractérielle. La guêpe qui fait mouche.

 

Ils étaient hier à Marne-la-Vallée, dans le grand parc à souris taille humaine, ils se sont régalés. Mais au téléphone tout de même Grand Frère Lion s’est étonné auprès de moi : pourquoi y avait-il autant d’adultes avec des oreilles de Mickey sur la tête ? Il a aimé les montagnes russes mais pas trop les touristes polygénérationnels, et ces hordes d’adultes dans son monde d’enfant. Il aurait bien fait le ménage dans les manèges, filtré les visiteurs par âge, au final il aurait voulu avoir le parc pour lui, sa sœur et sa maman, mais je crois qu’il a kiffé, et si j’ai bien compris il me revient avec un doudou Pluto qu’un magnet. On fonce, enfance.

 

L’enfance s’arc-boute et ça fera bizarre quand ça lâchera prise. Grand malin, petite futée, graine de star et princesse. J’ai encore la main et le nez sur les baisers esquimaux bientôt esquivés. Un dernier, dernier des derniers, et puis un jour le dernier. Des derniers. L’enfance pose des jalons. La partie est facile quand il faut dormir, je suis bienvenu dans le super lit superposé, on pourrait se superposer comme qui rigole et on rigolerait bien. Ah les belles promesses en attendant d’autres séparations. Daddy daddy I’m gonna leave you. Il ne faut pas aimer trop fort, il y a des déconvenues. T’es mignon, je peux témoigner. Moi si j’étais Mickey je mettrais des tartes aux adultes à oreilles de souris et je dévalerais le train de la mine avec des enfants que je choisirais parce qu’ils ont l’air sympa. Genre les deux miens.

 

 

 

Noël – Blog de Papa Lion

Un bon copain m’a avoué regarder des films de Sautet les années où il fête passe Noël tout seul et j’ai cru comprendre qu’il avait eu le loisir de se cogner la filmographie entière du jovial réalisateur ces dernières années. Je l’embrasse. Il m’a précisé : ça passe ou ça casse. J’espère que ça lui passera.

Bien qu’en hiver, je n’ai pas eu le cœur de tenter l’aventure. Peur de Sautet pour mieux reculer quand il faut aller de l’avant alors j’ai choisi de ranger la chambre des enfants, l’heure étant venue d’escamper les boîtes de Légo. Ca m’a occupé mon 25 et un peu de mon 26, la chambre est propre. Ca durera deux jours. Faut quand même être tordu pour offrir tous ces jouets. L’an prochain je leur offre une tablette, du fric, et qu’ils téléchargent les Angry Birds, ça facilitera le ménage.

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« allez hop, à la baille ! « 

Noël tout seul ça passe comme une lettre à la Poste. Soit une éternité. Je m’en fous j’ai rangé l’apparte, et puis nous avons fêté Noël avec un peu d’avance, à Pantruche, en famille, c’était bien. On a bûché avant tous les autres. Et comme Bébé Lionceau n’aime pas les bûches, elle bouffe rien ma gamine, mon frère que j’aime s’est régalé deux fois. C’était bien.

A Paris j’ai emmené Grand Frère Lion voir le tombeau de Napoléon. C’est pas très beau et Grand Frère Lion m’a demandé si Napoléon était vraiment à l’intérieur de la grosse praline. Je lui ai dit un peu mon neveu, il a trouvé ma réponse très con. On a regardé la praline du maréchal Lyautey, plus petite mais pas franchement modeste non plus, je lui ai dit que je pourrai jamais me payer un tombeau pareil, ça aussi il a trouvé ça très con, pourtant c’était drôle, alors pour égayer l’après-midi on est allé voir les salles du musée de l’Armée consacrées à la deuxième guerre mondiale.

Il m’a demandé à quoi ça servait, les Invalides. Je lui ai expliqué les invalides de guerre, c’était de plus en plus gai, il m’a demandé si Napoléon était un invalide de guerre. On tournait en rond alors je lui ai proposé de marcher un peu tout droit.

On a remonté en se tenant la main le boulevard des Invalides. Un Père Noël est passé dans une vieille Fiat 500, c’était quand même plus marrant que le Débarquement. Je crois que c’était le meilleur moment des vacances.  Peut-être le meilleur moment de ma vie. Je savoure les balades que je fais en tenant la main de mon fils car il faudra bien qu’il me lâche la grappe un jour. Il a beau dire le contraire, il repoussera ma main bientôt. Il dit qu’il habitera toujours chez moi et chez sa maman et qu’il faudra toujours lui tenir la main dans la rue, mais enfin. Je ne crois plus au Père Noël.

A Paris les enfants ont vu Montmartre, la Tour Eiffel, les vitrines de Noël et quand j’ai dit à Bébé Lionceau qu’avec son frère on avait croisé le Père Noël dans une Fiat 500, elle était un peu dégoutée. On a ressorti les Légo de quand on était petits et on a lu des Journal de Mickey de 1985. Grand Frère Lion s’est demandé ce que ça pouvait bien être, Disney Channel, le samedi à 20h00.

A Paris j’en ai profité pour rencontrer des enseignants qui tiennent des blogs, le genre qui bossent même en vacances, d’ailleurs je les embrasse, et j’ai vu mes vieux poteaux et eux je les embrasse deux fois plus tellement je les aime.

A Paris, je me suis demandé pourquoi mes parents m’ont prénommé Vincent. Et puis je me suis souvenu : peu avant ma naissance, ils sont allés voir Vincent, François, Paul…et les autres. Je crois que c’est un film de Claude Sautet.

La classe découverte – Blog de Papa Lion

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Je tends à mon épicier des sous et du bout de gras à tailler : « alors, bientôt la quille ? ». Il demande « c’est où la quille ? ». Je lui rappelle notre dernière bavette : la Thaïlande, fin novembre. Parce qu’on est fin novembre, là. Commerce de proximité convivialité, réveille-toi Ponpon ! Il part dimanche. Il me dit qu’il a 7 heures de décalage horaire. Je dois prendre l’air connaisseur pour qu’il me demande : « c’est bien non 7 heures ? » Je lui dis que oui, c’est pas mal, 7 heures, je lui souhaite un bon voyage en Thaïlande et repars avec mes yaourts bulgares. On fait les voyages qu’on mérite qu’on peut.

Y’en a un qui va se payer un beau voyage, d’ailleurs c’est nous qui allons le lui payer, c’est Grand Frère Lion et sans décalage horaire. Il part en classe de découverte en Ardèche. La première réunion avait lieu hier, on a chambré les maîtresses en chambrées et réveillé nos souvenirs de veillées. Ils vont faire de la spéléologie, c’est bien, julevernien, on a quand même touché le fond de l’abîme quand des mamans fillonistes se sont emparées du micro et du sujet qui fâche : le téléphone portable, parce que quand même elles voudraient bien téléphoner à leur enfant, j’ai trouvé la maîtresse formidable, je ne sais pas si elle l’avait préparée avant, celle-là, mais elle leur a bien cloué le bec : « pas sûre que ça capte dans l’Aven d’Orgnac ». Du coup les questions diverses et avariées se sont recentrées sur l’essentiel : l’hôpital le plus proche, l’emplacement précis des maîtresses dans le couloir, l’insécurité à Méjannes-le-Clap. Je me suis senti en danger, j’ai pris mes enfants sous le bras et je suis parti.

Dans ma bagnole Grand Frère Lion a reconnu un regain d’enthousiasme pour ce premier voyage en collectivité : c’est l’Aven – ture ! Bon mot mal an le petit homme qui est quand même encore et pour toujours dans mon cœur un tout petit garçon me demande si les copains se moqueront de lui quand ils verront son doudou.

Ben quoi il a de la gueule ton doudou, c’est un éléphant qui t’a été offert par tes grands-parents, un vrai éléphant qui a déjà bien baroudé et qui sait gober les petites angoisses, faudra voir la tronche des doudous des autres là, les CM1 qui jouent aux hommes. J’ai de plus en plus de mal à supporter les brutasses du cycle 3.

En fait j’espère qu’il ne sera pas le seul à emporter un doudou. En réalité, j’aimerais bien qu’il délaisse un peu son doudou en rentrant de sa classe découverte. Pour de faux je lui jouerai le clin d’œil complice quand il montera dans le bus. Pour de vrai je pleurerai ma mère quand je monterai dans ma bagnole.

Etre fort et mater les photos – Blog de Papa Lion

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Il faut le faire alors on le fait, on visite le petit musée de l’école à Carcassonne, in situ in cité. J’indique à la dame que je fais partie de la grande maison, façon Bebel dans Peur sur la Ville, je montre ma carte de flic instit, le Pass Education de la mort qui tue les avantages des fonctionnaires, très bien, je paie 3 euros et je suis content, j’apprendrai en sortant que c’est le tarif adulte cash plein pot. Nous traversons des salles de classe reconstituées comme à l’ancienne, c’est-à-dire qu’il y a des tables face à une estrade et un tableau, Grand Frère Lion me demande quelle est finalement la différence avec l’école d’aujourd’hui et je lui dis qu’aujourd’hui on place les élèves par petits groupes qu’on appelle selon son humeur pédagogique ateliers ou îlots ou même groupes quand on n’est pas d’humeur pédagogique, d’ailleurs je note sur un petit post-il hypothalamusien qu’il faudra redisposer les élèves pas très disposés en frontal à la rentrée, un bon gros frontal et qu’ils ne me prennent pas le chou grave le jour de la rentrée.

Le jour de la rentrée c’est demain, c’est pour ça que je repense au petit musée de l’école de Carcassonne. Trop de vacances tue les vacances, trop de vacances les ressuscite. C’est ça les veilles de rentrée : un pas en avant, deux pas en arrière, c’est la politique, du bon vieil enseignant.

On voit quand même des bonnets d’âne dans une vitrine façon relique et on s’extasie : c’était quand même la bonne époque, on appelait cancres les cancres et on leur mettait un petit bonnet pour qu’ils n’aient pas froid à leurs grandes oreilles. On différenciait déjà à l’époque.

Clou de la visite : la séance d’écriture à la plume. On trempe notre petite plume dans l’encrier et on écrit, on buvarde, ce qui est bien, on bavarde, ce qui est moins bien. La dictée du jour qui est d’un jour très ancien me paraît quand même bien difficile, Grand Frère Lion s’en tire pas mal mais il écrit encore plus mal avec sa petite plume qu’avec son vieux friction. C’est quoi ce torchon ? Je vais pour dévitriner le bonnet d’âne mais mon fils n’est pas loin de pleurer alors je le rassure : on s’est fout, il la recopiera sur la tablette à la maison, sa dictée de 1952. Et Papi, il était né en 1952 ? Ben oui. Et il avait le bonnet ? Ben non. Enfin j’espère.

On prend la pose : clic clac on est Canon, mon fils cadre bien avec le décor alors il cadre dans le décor son père et sa sœur en photo, la plume aux lèvres et le sourire à la main. Ca fera de jolis souvenirs dit-il comme si tout cela n’était déjà qu’un souvenir.

Dans la dernière salle du petit musée de l’école de Carcassonne il y a une jolie collection de manuels scolaires, les plus anciens datent de Ferry, pas Luc mais Jules, c’est écrit en tout petit et ça manque d’images. Je leur préfère un manuel de mon époque à moi, post-dinosaure, on y parle d’URSS, ce n’est pas facile à expliquer à Grand Frère Lion, que ça passionne pourtant, encore moins facile pour Bébé Lionceau qui s’emmerde ostensiblement. Nous partons, après une marelle et quand elle se marre, elle, ma fille, ça a un vrai goût de vacances.

Dans la voiture qui nous ramène à Pezens, paisible commune cassouletienne bordée d’ennui et de platanes sur la nationale pour Toulouse, passant du coq au bonnet d’âne je fredonne que Toulouse, ben c’est la ville rose et pourtant c’est bien gris, Pezens, c’est gris comme la Toussaint, je passe du Renaud pour nous redonner des couleurs, nous regagnons notre maison de vacances, ping pong balles écrasées et folie de judo sur les tapis du capitaine ad hoc, puis c’est un cri déchirant dans la nuit : Grand Frère Lion a reformaté sa carte mémoire.

C’est pas comme ça qu’on aura de bons souvenirs.

Alors le lendemain on retourne au petit musée de l’école de Carcassonne, on explique que le petit bonhomme a adoré sa visite mais qu’il a effacé sa photo souvenir, on aimerait juste entrer pour refaire la photo dans la salle d’écriture. Peuchère mais bien sûr le péquelet, je ne comprends pas tout ce que me dit la dame mais grosso modo elle nous invite à reprendre la photo, gratos l’ami, sans montrer ma carte de Bébel. C’est beau l’école publique. Il ne me sert à rien, ce Pass Education.

Grand Frère Lion, soulagé, zoome et dézoome  dans la voiture, sur ce trajet déjà parcouru la veille, la photo de sa sœur de son père reprenant la pose et la plume. Il montre sa soeur à sa soeur qui y voit surtout une vue déjà vue, Bébé Lionceau a l’impression qu’on se moque un peu d’elle, faut dire ce qui est : on a vécu la même scène la veille.

Et comme Grand Frère Lion aime bien sa petite routine, ben dans la voiture, de retour vers Pézens, ville cassouletienne tout ça, à force de regarder sa photo chérie, re-clique malencontreusement sur le malencontreux bouton : Papa !!! J’ai encore reformaté la carte mémoire.

Foutue modernité, je vais lui coller un Kodak à disque de 12 poses, celui que Tonton avait quand il était petit mais qu’ai-je dit, voilà que Grand Frère Lion se met en tête d’appeler Oncle A. pour savoir où il a rangé son vieux Kodak à disque, non mais tu crois qu’il n’a que ça à faire, Oncle A. ? La pression de la dépression guette, Grand Frère Lion a le cafard, y’a des guerres et des cancers et des chocolatines à 15 centimes mais ce n’est rien comparé à une carte mémoire qui a la mémoire qui flanche deux jours de suite, et ça pour un petit pimousse de la fée qui déchante et qui a, lui, une foutue mémoire, c’est la fin du tout petit monde.

On aura qu’à y retourner demain ?

Non, Lapin, on ne va pas refaire le coup du petit musée de l’école de Carcassonne trois jours d’affilée sans quoi ce ne seront plus des vacances, j’entends un truc du goût de « tu parles de vacances », ça fait l’ado et ça n’a pas les pieds qui touchent le plancher et un peu les fils qui se touchent, je déborde un peu : tu nous casses les pieds avec tes photos, je n’ai pas gardé mon calme, j’empire sans contre-attaquer, bing bang boum je prends pour trois heures de déprime et même un cache-cache dans le joli parc qui longe l’Aude,là, l’au-delà dans lequel Bébé Lionceau goûte enfin aux joies des vacances n’y fera rien. Faut dire qu’elle est cachée derrière le marronnier et que sa couette dépasse, banane, on te voit. On fait la poutre sur la barrière et y’a de l’amour tendre sous le saule pleureur, voilà que Grand Frère Lion a trouvé l’arbre qui lui ressemble. Allez zou on rentre, on judokate de nouveau sur les tapis ad hoc, on ping-pongue, ça commence à venir, Bébé Lionceau ramasse les balles et dispose des raquettes de rechange sur la table ce qui ne facilite pas notre tâche mais attention, je crois que ça y est, Grand Frère Lion a retrouvé le sourire.

Et quel sourire. Le sourire du beau gosse, un sacré beau garçon mon gamin, faut dire que sa mère est une bombe et son père un obus, c’est un gros bébé bobo beau gosse qui rentrera à la maison avec le souvenir que Carcassonne, c’est la ville des souvenirs éphémères.

Des marrons dans la tronche de Chou Papier Toilette – Blog de Papa Lion

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Une figurinette en caoutchouc est suspendue depuis un bon mois au rétroviseur de mon tacot qui se métamorphose en limousine une semaine sur deux. On l’a appelée « Chou Papier Toilette » parce que c’est le joli nom que lui a trouvé Bébé Lionceau et que cette figurine ne valait rien avant d’être collée par la grâce d’un coup langue au miroir qui se trompe de direction, et de devenir alors un colifichet au grand banditisme car Chou Papier Toilette est un vilain : il gronde les enfants qui font les andouilles sur la banquette arrière. Quand ça canaille sur le deux tiers un tiers, les yeux de Chou Papier Toilette deviennent tout rouges. On se marre bien dans ma limousine.

Limousine qui vient fatalement de redevenir tacot par la disgrâce d’une fin de dimanche pluvieux donc imper. Je reviens marron chez moi et d’ailleurs il y en a jusque dans mon tiroir à chaussettes, des petits marrons surprise qu’on a ramassés par paquets de cent mille au jardin. J’ignore si je dois rire ou rire.

Forçons-nous à rire et quoi de plus drôle que le métier d’enseignant ? Par exemple, le Directeur académique des services de l’éducation nationale du Gard, en vocabulaire terrien le chef de chez nous s’appelle M. Pathos. Ca ne fera rire que les collègues mais c’est déjà ça. Au hasard encore : la mère de mon petit élève M. s’est convoquée d’elle-même l’autre jour parce que M. est un peu comme moi : il est dans le rouge à chaque fin de journée. Alors on fait le point. Moi : M. est très fatigué, ben oui mais il ne dort pas. Ah d’accord c’est pour ça. Moi, très psy (6 années d’études supérieures) : il pourrait dormir un peu plus par exemple. Mais c’est pas possible parce qu’il n’arrive pas à s’endormir. Moi : alors il devrait regarder un petit livre avant de se coucher. Mais c’est pas possible non plus ça parce qu’il regarde la télé très tard. Moi : ben vous pourriez éteindre un peu plus tôt et lui montrer un livre mais ça aussi c’est impossible car M. joue à la tablette après la télé. On arrive quand même à négocier un peu moins de tout ça et puis ce n’est pas fini, j’apprends que M. dort dans un lit parapluie. Un lit parapluie ? Ce n’est pas pour les bébés ça ? Ben si mais il a peur dans son grand lit. Mais sa tête ne touche pas les parois ? Ben si. Mais ça aussi ça l’empêche peut-être de dormir ? Ah oui peut-être. On négocie de refermer le lit parapluie (je le refermerais bien avec M. dedans mais ça je le garde pour moi) et je demanderai demain à M. s’il a dormi dans son lit de grand. On parle un peu du travail, quitte à enfoncer une porte ouverte parlons boulot : M. n’aime pas du tout, mais alors pas du tout, mais alors carrément pas travailler. Ca je vous le fais pas dire Monsieur, de toute façon M. il veut faire comme ses deux tontons plus tard. Lueur d’espoir quand même et semblant d’intérêt : et ils font quoi du coup les deux tontons ? Ben, rien. Ah. Verdict, le travail, c’est sûr, M. le maudit. On évoque aussi les gros mots parce que moi même si je dormais dans un lit parapluie je n’insulterais pas les copains à longueur de journée et la maman de M. s’indigne: avant le CP, M. ne disait jamais de gros mots. D’accord c’est donc de ma faute (je commence à perdre patience, j’ai mes enfants qui attendent avec Mathilde à la maison, Mathilde c’est la baby-sitter, une crème, mais enfin une crème qui a quand même une vie). Non ce n’est pas votre faute mais quand même l’autre jour y’a un camion poubelle qui est passé dans la rue et M. s’est précipité à la fenêtre pour crier : « P…..de s…… de f……… de etc. de camion poubelle ». Dans cette phrase, « camion poubelle » n’est pas un gros mot, je ne soupçonnais pas que tout le reste puisse sortir de la bouche d’un enfant de 5 ans et la maman de M. a une explication : M. est de la fin de l’année. Là je ne vois pas le rapport mais mes enfants qui m’attendent à la maison et Mathilde qui a une vie quand même, Mathilde si tu lis ces lignes sache que tu es la meilleure baby-sitter du monde, bref j’abrègerai après avoir pu évoquer un peu l’agitation de M. en classe. M. est très agité. Vous voyez, bon, c’est pas dramatique, mais M. passe son temps à se retourner et à agiter ses jambes, ça fait du bruit, ça dérange sa voisine et ça dérange tout le monde. Je m’attends à ce que ce soit la faute du lit parapluie ou ma faute à moi à y être. Eurêka je n’y suis pour rien : ça tombe là, d’un coup sec, d’ailleurs je crois que je n’oublierai jamais ce rendez-vous avec la maman de M. ; si M. est très agité, ce n’est ni ma faute ni la sienne. C’est parce qu’il a des vers.

On se serre la main et on se promet de se tenir au courant. M. me dit au revoir Maître, je lui réponds au revoir M., ce n’est qu’un enfant finalement, un enfant qui n’a pas beaucoup d’aide. Ah oui mais un sacré client. Je me demande ce que Céline Alvarez ferait avec M.

Dans les yeux de M., je crois lire un début de réponse : Céline Alvarez, elle ferait ch…

Ca m’échappe.

Voilà, c’est ça qui m’attend demain. N’empêche, penser à tout ça en me remettant au travail me fait oublier la pluie. Et aussi que dans le rétroviseur, tout à l’heure, à côté de Chou Papier Toilette, il y avait les deux yeux sombres ou peut-être devenus tout rouges d’un joli petit garçon qui attendait que la limousine de son Papa disparaisse au coin de la rue. Oui car c’est sûr : ma limousine soudain sous-équipée a attendu d’avoir déboîté pour redevenir tacot.

Le 15 août – Blog de Papa Lion

cartable de rentrée

Nous devions mettre le cap sur la Grande Bleue et nous l’avons mis sur la rentrée comme joyeusement recommandé sur le dépliant que je n’ai même pas déplié et qui obstruait ma boîte aux lettres hier soir et mon esprit toute la nuit. Alors au carrefour on s’est arrêté au supermarché qui dégomme et détrousse, parmi lesquelles Bébé Lionceau a trouvé son bonheur, cylindrique et multicolore, tandis que Grand Frère Lion apprenait avec délectation qu’un critérium n’est pas qu’une course cycliste et absconse à Puy-les-3-Cabécou. Sont-ce des futurs élèves là qui chouinent pour une ardoise Lapins Crétins ? Alea jacaddie : on sort avant de se faire jeter, Jacques a dit fuis mon caddie ou je te casse les jambes avant que tu me casses les pieds. Grand Frère Lion repère la marque repère, je l’aime. Bébé Lionceau dégote un cartable décoté, je l’aime.

 

A Puy l’Evêque une psychologue m’a dit qu’après le 15 août c’était plus vraiment comme avant le 15 août, j’ai ri jaune mais elle avait raison, après le 15 août c’est plus comme avant le 15 août, ce ne sont plus des orages à mer. J’ai perdu mon Ju.

 

Mon fils entre au CM1 et dit des choses comme « on est chaud patate », « c’est la loose », « je suis en mode lecture ». Ma fille réclame du démêlant et mange le blanc de la salade. La famille ça grandit. Rien ne va plus et pourtant tout va bien. Il fait nuit trop vite, les enfants ont une peau magnifique, je les mange un peu. Il est interdit de sauter sur le lit de Papa, enfin quand Papa n’est pas là. On écoute du bon son et tant pis si le bon son de Bébé Lionceau fait mal dans l’oreille, on se couche encore un peu tard, on se lève toujours aussi tôt. On profite. On va se quitter dans 3 jours.

 

Il faut renouveler le stationnement résidentiel, reprendre le sport, acheter des cartes de bus, reprendre le sport, coller des étiquettes sur les classeurs, reprendre le sport, ranger le placard à culottes, reprendre le sport, venir à bout du calcaire sur les parois de la cabine de douche. Reprendre le sport.

 

Pendant les vacances on a vu la Bretagne on a eu froid puis chaud puis froid et c’était bon, les grands-parents ont essayé de faire manger du poisson papané, on a fait du manège en pull et on s’est grand-marré, j’ai vu le pays Basque c’était désert de Bretagne sans les gens du coup, avec plein d’Espagnols qui parlaient très fort à leurs pintxos, j’ai vu Tarbes, et mourir, ben plutôt mourir, j’ai appris à orthographier Guggenheim et constaté que ça pousse vite les bulbes à eau, on a fait des vannes bien loin du Morbihan, morts béants à Tarbes, alors autant tailler la zone, j’ai vu les Pyrénées et le meilleur aîné perdu dans les Cévennes, on a vu Puy-les-trois-Cabécou, son camping sa Gabare sa bistrotière corse, on m’a dit pendant deux fois quinze jours qu’on allait s’endormir vite et ça s’est pas toujours passé comme prévu.

 

Demain matin, je crois bien qu’on va mettre le cap sur la Grande Bleue.

 

Le journal intime – Blog de Papa Lion

Capture d’écran 2016-05-11 à 21.10.51Je lis le journal intime de mon fils, c’est mal. C’est bon ! J’y vois beaucoup de points d’exclamation et je lis en narration interne la vie qu’on mène. Du kayak en Ardèche, des loups dans le Gévaudan, des après-midis où l’on fait les devoirs et les sorties avec les amis. Ce journal ne durera qu’un temps mais il a le mérite de le coucher noir sur blanc et c’est plaisant. Grand Frère Lion se rencontre de plein de choses. « Papa, tu te rencontres que Bébé Lionceau ne s’est pas rencontrée que ? ». Je laisse faire, c’est la statue de l’erreur. Au Gévaudan, mon mini-trappeur redoutait de se faire dévorer. Sa sœur envisageait au contraire de caresser les gros chiens. On s’est contenté des meilleures places devant les enclos. La régalade. Je lis aussi que Papa a gardé les sacs pendant qu’il faisait de l’accrobranche, l’envie me prend d’annoter en rouge « et c’est qui qui a paniqué au parcours vert et s’est fait descendre en rappel ? ». Je ne me grille pas. Je reste froid. Des pas dans le couloir : je referme le calepin. Il lui suffirait de ranger ses affaires. J’arrange les miennes comme je peux, j’embrasse deux fois plus que d’habitude égale cent fois plus que nécessaire car demain soir c’est la semaine 20 et donc la semaine sans. Le petit sac bleu en provenance de la rue machin et à destination du boulevard truc est attendu devant la porte d’entrée de sortie. C’est lourd de remplir un sac lourd. C’est dur à porter même en bandoulière. On dit à la semaine prochaine mais on se dit vivement la semaine prochaine. Il faut que je trouve un endroit où accrocher l’affreuse peinture de Bébé Lionceau à l’épreuve du mélange des couleurs et c’est finalement assez marron. C’était le printemps, ça ressemble à l’automne son truc mais c’est quand même beau, à mettre sur le compte de la narration interne. En narration externe c’est plutôt marron. Il y a des légos kapla rangés celui qui les a sortis, je verrai ça demain. Des sillons de dentifrices roses sur le bord du lavabo et le bouchon ad hoc sans doute quelque part dans le petit coin. Pas trop envie de finir les petits suisses à la banane, je truquerai les dates de péremption. Et les courgettes, ben…je ne les ai pas faites. C’est blette. Je laverai les draps, ça sentira bon, ils se jetteront dedans. Tiens on dit des Journal de Mickey ou des Journaux de Mickey ? Les canards de Mickey ? Ah non les canards de Donald plutôt. En deux mots faut ranger.

 

Je me demande tiens si mon fils lira un jour mon journal intime. Quand on est un team on partage ses secrets.

 

Samedi soir sur ma Terre

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Papaoutai – ben là.

Comme il paraît que les traditions se perdent je m’efforce de les perpétuer et à défaut j’en instaure de nouvelles comme celle de dîner en musique quand il faut se rendre à l’évidence que c’est le dernier soir avec les enfants avant une longue semaine avec soi-même.

Nous établissons un ordre simple : Bébé Lionceau puis Grand Frère Lion puis de nouveau Bébé Lionceau et ainsi de suite, de suite.

Bébé Lionceau envoie du bois : elle demande un Papaoutai, comprendre un Stromae. En l’occurrence Papaoutai. Je suis entre eux deux et deux bouchées, on monte déjà sur la chaise et le cucul en arrière, c’est samedi soir sur la Terre. Je m’atterre puis joue le jeu puisqu’il est question de je, donc de moi. Bébé Lionceau met la paume vers le ciel et la monte au rythme du bon son, non mais je rêve ou quoi. Papaouquoi.

Au tour de Grand Frère Lion. Sans transition mais en transe et avec du son, c’est un petit Hugues au frais qu’il quémande. Mais je ne le trouve pas sur mon dix heures, alors à défaut le petit garçon demande Noël des enfants du monde.

Nous chantons donc Noël des enfants du monde et, accablé de questions, accablé tout court, attablé tout lourd, je lui explique la Palestine, les Chinois, les Juifs, les Musulmans, les athées. C’est indigeste. D’un geste Bébé Lionceau fait comprendre que c’est à son tour et ce sera un autre Papaoutai.

Nous écoutons une chanson qui n’est pas pour les enfants et les régale pourtant, je réprime les pieds sur la table. J’ai dit sur la chaise, il ne faut pas exagérer.

On écoute Alors on danse. Alors on danse.

Toute ressemblance avec des personnes existant s’explique par les gènes et si y’a de la gêne…Bref le petit d’Elle danse au son des basses sur sa chaise haute et je tente un « Je vous demande de vous arrêter » balladurien qui se perd entre Etterbeek et Laeken. J’ouvre une Heineken entre les tours de Bruges et Gand.

De nouveau le tour du petit Grand qui voudrait vraiment, mais alors vraiment qu’on écoute Ali ouante fort christ masse. Ca groove au 63 rue R.

Je manque de sommeil, je suis sans nuit, Bébé Lionceau s’ennuie sur All i want for Christmas. Faut dire que c’est limite pénible mais Grand Frère Lion bat le rythme avec son index et c’est quand même ça de pris. Je le soupçonne de croire encore au Gros Barbu, je la soupçonne, elle, de ne plus y croire et voilà que la fin du repas entre si proches approche. C’est à son tour et elle choisit la chanson des chansons, le titre qui la fait vibrer depuis toujours : Lola qui s’appelle en fait Morgane de toi. Grand Frère Lion me demande si la fille de Renaud s’appelle Morgane ou Lola et j’en perds mon lapin qui est partie trémousser son pyjama dans le salon.

Nous dansons un slow.

Le frêle à se taire chante que sa fille est la seule gonzesse etcétéra sans se démettre une épaule et moi je démets la mienne en tenant la mienne mais c’est bon quand même. Puis vient le moment de se brosser les dents, comprendre les lui brosser les siennes.

Elle me regarde de ses grands yeux tout ronds, ses yeux d’amour tout neufs, ses yeux de petite fille de quatre ans qui aime son Papa surtout quand il lui brosse les dents. Elle a un truc à me dire important, je le sens que c’est important parce que ses yeux sont encore plus ronds qu’à l’accoutumée mais elle ne peut pas parler la bouche pleine. Un truc par rapport à Stromae ou aux semaines alternées ou à l’école, je ne sais pas, elle crache un peu partout et je lui lave le joli visage. Je lui brosserai les dents aussi longtemps qu’elle voudra.

« Je vois pas de saletés dans ton nez quand tu me brosses les dents ».

Bon ce n’était pas essentiel mais je suis aise quand même c’est toujours ça de pris, aussi. Je prends tous les compliments.

« Je vois pas de saletés mais je vois des poils ».

Bon, au lit. Je chéris les traditions chéries.