infiniment confines – blog de papa lion

S’il y en a deux qui ont pris à leur compte le mot d’ordre « restez chez vous », ce sont bien mes enfants. Ça, pour le coup, ils s’engagent dans la lutte, ils ont le nez dedans, le sens du sacrifice et l’âme de résistants. No pasaran, version No sortiran. Ils se sont engagés dans la lutte quand ils ont compris que ça pouvait sauver des vies (et ménager la leur). Quels qu’en soient le prix et la durée, ils consentent à rester confinés. 

Mais rangeons les lauriers, ma maison est le maquis des tire-au-flanc. Ou bien c’est qu’ils sont nés partisans.

Partisans du moindre effort, engagés volontaires, casaniers Hasta la vista ! Dentro de la casa !Restez chez vous : il était inutile de le leur dire deux fois. Faut pas les pousser. Enfin, pas dehors en tout cas. 

Une aubaine. Ils ne se rendent pas bien compte. Qu’ils profitent : je mets ça sur le compte de l’insouciance. 

On se confine et on confine à la paresse. Mon premier double-niveau est pour le moins co-classe, la petite du CE2 qui ne se trompe pas beaucoup et son collègue du collège qui se bat avec son ENT. C’est con comme la lune, mais ce virus est con comme la lune : j’ai disposé une poire de liquide hydro-alcoolique en guise de centre de table, pour faire comme si nous étions en société. Il nous garantit l’élimination de 99,9 % des bactéries. Un blitzkrieg biologique pas très bio. Logique : 0,1% de chances d’y passer, ils auraient pu pousser un peu plus loin l’élaboration du sérum anti-apocalyptique. Nous véhiculons nos bactéries sans vraiment y croire et nous noyons, consentants mais sentant bon, dans notre bain de culture. Nous l’avons, nous ne l’avons pas, nous nous le refilons gaiement. Nous nous câlinons plusieurs fois par jour sans nous laver les mains.  

J’ai connu pire gestion de classe.

Dehors, c’est-à-dire dedans mais chez les autres, ce sont beaucoup de tensions, des situations difficiles que nous ne connaissons pas et pour lesquelles je ne sais faire mieux que compatir. Je partagerais volontiers mon bout de jardin mais c’est proscrit. Je distribuerais avec plaisir deux ou trois tulipes. 

Le temps est large mais je ne peux quand même pas lui proposer de lire Homère en grec ancien. Ce sera donc un petit album de Thésée, une version édulcorée, comme si passée au lave-mains de circonstance. Elle me dessine un Minotaure en slip de bain, à peine cornu, un Minotaure qui ne terrasserait pas le moindre Athénien. Sa fantaisie est la réponse au mal mystérieux qui verrouille les portails. Je l’aime ainsi : douce, naïve mais savante. 

Il paraît que nous allons grossir, nous qui ne portons pas le virus ou bien le terrassons par notre immunité minotaurienne de bien-portants. C’est vrai que nous mangeons bien et trop, et que l’effort physique manque un peu. Il ne faudrait pas que cela dure. On finirait confits. C’est mars 2020, dans notre famille, et dans notre famille, chez nous, nous sommes confits nés. 

Pour l’instant, nous restons chez nous et nous allons bien, ce que nous souhaitons à chacun. 

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